Pour travailler la phonétique, les assonances et les allitérations constituent un excellent support. Bien sûr, l’enseignant aussi doit jouer le jeu ! Les chaussettes de l’archiduchesse…
Ces procédés poétiques désignent la répétition d’un même « son » dans un texte, qu’il soit versifié ou en prose. Plus précisément, il s’agit de la répétition exacte ou approximative d’un ou de plusieurs phonèmes à l’initiale des syllabes d’un même mot, au commencement ou à l’intérieur de mots voisins dans une même phrase. Lorsqu’il s’agit de consonnes, on parle d’allitération, et pour les voyelles c’est une assonance.
Ces répétitions sont destinées à produire un effet harmonique ou structurel. Le célèbre vers de Racine « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes », issu de la pièce Andromaque, est une allitération en [s] qui produit une harmonie imitative du sifflement du serpent. L’effet de l’allitération en [t] dans le virelangue « Ton thé t’a t-il ôté ta toux ? » est plutôt structurelle qu’imitative : en plus du rythme imposé à la phrase par la récurrence de cette consonne, le rappel phonique souligne l’importance du mot thé, homonyme de la lettre T, dans le texte.
Deux types d’activités autour des assonances et des répétitions s’offrent à l’enseignant. Pour commencer, faites par exemple étudier à vos apprenants des poèmes ou des textes comportant ces procédés sans les signaler, afin qu’ils les découvrent par eux-mêmes. En plus des bénéfices lexicaux et culturels en lien avec la nature littéraire des textes, la lecture et la diction de ces courtes phrases permettent de s’exercer de manière ludique à la phonétique.
L’examen de voyelles ou de consonnes récurrentes donne aussi l’occasion de montrer que l’emplacement d’une lettre dans un mot ou son association avec d’autres lettres fait beaucoup varier la prononciation. Ainsi, dans « Attention : Attentat », la lettre T correspond en fonction du contexte aux sons [t] ou [s] – et elle peut aussi être muette, par exemple le T final de attentat.
Vous pouvez ensuite demander à vos élèves de rédiger de petits textes centrés sur une ou plusieurs assonances et allitérations. Pour que l’effet soit audible, il faut limiter la contrainte à une ou deux lettres – trois si les sons sont distants les uns des autres. Vous pouvez aussi élever la difficulté en demandant aux apprenants d’employer un maximum de graphies différentes pour le même son. Ainsi, pour une assonance en [o], les étudiants doivent employer des mots avec les grahies o / au / eau / ô.
Voici une allitération créée à l’école primaire Gaston Bachelard à St Sigismond (France).
« La Terre, tête en l’air, les quatre fers en l’air, erre en l’Univers, pour être sur orbite solaire. »
Pour aller plus loin :
Rédaction : Elodie Ressouches