Entretien avec Georges Brochier sur le volontariat international de la Francophonie.
Le volontariat francophone (rebaptisé en 2010 Volontariat international de la Francophonie), programme de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), permet à des volontaires âgés de 21 à 35 ans de valoriser leurs compétences tout en contribuant à des actions en faveur du développement, notamment dans le cadre de la promotion et du renforcement du français dans un contexte multilingue. Georges Brochier, responsable de ce projet à l’OIF en 2008, nous présente ce programme, ses objectifs et ses spécificités.
Comment est né ce programme et à quels besoins répond-il ?
Le volontariat francophone est un projet-pilote de l’OIF pour les années 2007-2009 souhaité par le Secrétaire général de la Francophonie et adopté par le XIe Sommet des chefs d’États et de gouvernements de la Francophonie (Bucarest, 2006).
En préambule aux quatre missions du Cadre stratégique décennal, il est précisé que la Francophonie doit tenir compte « de la place des femmes et des jeunes, acteurs clés sur lesquels s’appuyer pour optimiser les effets des actions entreprises ».
Ce projet pilote de volontariat francophone offre donc l’occasion d’allier les ambitions et attentes des jeunes aux besoins inhérents de relève au sein de l’espace francophone.
Quels sont les objectifs de ce projet et qui sont les acteurs du dispositif de volontariat francophone ?
Les deux grands objectifs sont d’une part de mettre à disposition des projets de l’OIF, des opérateurs de la francophonie et des partenaires (AUF, AIMF, TV5 Monde), des savoirs, savoir-faire, et savoir-être pour contribuer aux quatre grandes missions de la Francophonie et, d’autre part, de permettre à de jeunes francophones volontaires* de vivre une expérience humaine et professionnelle dans un autre pays que le leur. Il s’agit donc bien d’un projet transversal aux opérateurs de la Francophonie (en partenariat avec l’AUF, l’AIMF et TV5) dont la maîtrise d’œuvre est assurée par l’OIF. La conception, la mise en place, la gestion et le suivi quotidien du dispositif sont assurés par l’équipe du projet volontariat francophone.
Qu’est ce qu’un volontaire ?
Le volontariat est à concevoir dans la perspective d’une réciprocité dans la relation :
Le volontaire, âgé entre 21 et 35 ans, s’engage bénévolement à mettre ses savoirs, savoir-faire et savoir-être à disposition du projet auquel il va contribuer pendant un an. Il apporte ainsi une indéniable plus-value à l’OIF, ses partenaires et aux opérateurs de la Francophonie.
En contrepartie de quoi, l’organisation qui a recours aux services d’un volontaire, s’engage, quant à elle, à accueillir sa jeune expérience, répondre à sa curiosité, être attentive à son intégration, respectueuse de son engagement, de ses aspirations et de son projet personnel.
Combien de pays seront représentés dans ce premier projet et quels sont les critères de sélection ?
Suite à l’appel à candidatures d’octobre 2007, nous avons reçu 700 dossiers et 77 ont été présélectionnés. Nous sommes actuellement dans la deuxième phase de sélection qui aura pour but de pourvoir les 20 postes proposés. Sur les 77 présélectionnés, nous avons relevé 60 % de jeunes africains, 26 % d’Europe occidentale, 6 % d’Europe centrale et orientale et 6 % d’Asie. Le continent africain est donc majoritairement représenté et cela s’explique, entre autres, par une meilleure diffusion de l’appel à candidatures sur ce continent qui a été très bien relayé par la presse africaine et surtout camerounaise (22 % des candidatures africaines viennent du Cameroun). Suite au succès de ce premier appel à candidatures, un second appel sera lancé au mois de mars 2008.
Les critères de sélection sont l’adéquation du profil de poste et du diplôme du jeune, l’expérience, la formation, les activités para-scolaires, la maîtrise des langues…
Un comité de pré-sélection composé d’un responsable des ressources humaines de l’OIF, d’un responsable du projet ou d’un référent du poste se réunit et, par la suite, les relais** dans les pays convoquent le candidat pour un entretien avec le référent du poste et un représentant du projet à l’OIF en visio ou télé-conférence. Il s’agit donc d’un dispositif de sélection à distance original qui permet d’impliquer tous les partenaires du projet.
Quels types de poste sont proposés aux jeunes ? Et sont-ils encadrés par une équipe sur place pour mener à bien leur mission ?
Les jeunes volontaires sont soit directement affectés auprès de l’OIF (ex. : un bureau régional) ou des opérateurs (ex. : un campus numérique de l’AUF) soit auprès d’un partenaire de l’OIF (ex. : une association, une administration, une collectivité territoriale).
Les trois domaines d’intervention des volontaires sont les suivants :
– Technologie de l’information et de la communication comme supports dans les domaines de l’éducation et de la culture.
– Renforcement des capacités locales en développement économique social et culturel.
– Promotion et renforcement du français.
À titre d’exemples, seront pourvus, dès le mois d’avril 2008, des postes d’animateur formateur en TIC, de webmestre, de journaliste, de chargé de veille juridique, de chargé de mission pour la gestion de projet, de documentaliste / rédacteur, ou encore de chargé d’animation linguistique et culturelle francophone.
Les volontaires sont encadrés par les responsables des structures d’accueil. Afin d’avoir un suivi des actions menées sur place, des bilans rédigés par le volontaire et le responsable de la structure d’accueil devront être envoyés au chef de projet à l’OIF tous les quatre mois.
Pour conclure, quels sont, selon vous, les avantages d’un tel dispositif pour de jeunes diplômés ?
L’idée même du volontariat repose sur une relation « gagnant-gagnant » que l’on ne trouve pas systématiquement dans un stage par exemple. Il s’agit réellement pour le jeune de valoriser ses savoirs (savoir-faire, savoir-être), et ses compétences tout en contribuant à des actions en faveur du développement et ce pendant un an.
Adhérant à l’esprit du volontariat, le volontaire doit faire preuve de responsabilité, d’initiative et d’autonomie dans le respect de la culture de ses interlocuteurs et du pays d’accueil. Il y a donc avant tout une véritable rencontre interculturelle, riche de découvertes, d’échanges fructueux et d’expériences communes.
Notes
* Un volontaire est une personne temporairement expatriée qui dans le cadre d’un accord de volontariat exerce une activité bénévole à plein temps, exclusive de tout autre engagement. Par conséquent, le volontaire ne relève pas des règles du code du travail. Parce qu’il est bénévole, le volontaire ne peut recevoir aucun salaire ou rémunération pour la mission effectuée, quels que soient la nature de celle-ci et le degré de compétence qu’elle exige. Il perçoit cependant des indemnités qui lui permettent de vivre décemment compte tenu du niveau de vie du pays dans lequel il est affecté. Il bénéficie également d’une couverture sociale.
** Les relais sont situés au sein des implantations existantes sur le terrain de l’OIF ou de l’AUF. Ils assurent, par délégation de l’équipe projet « Volontariat Francophone », les fonctions suivantes : appui au recrutement dans le pays d’origine du volontaire, mise en route du volontaire vers son lieu d’affectation, accueil sur le lieu d’affectation, suivi à son retour dans le pays d’origine.