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La politique est pour beaucoup une question de parole : l'orateur doit savoir communiquer ses intentions, ses propositions, son programme. Le succès est conditionné à l'efficacité du discours. Aussi, comment un discours politique peut être efficace ? Dans l'article "Le discours politique ou le pouvoir du langage", Patrick Charaudeau énonce plusieurs principes et contraintes : la simplicité, la crédibilité et la dramatisation.

Trois principes du discours politique
à l'usage de la classe de langue

Dans le cadre d'un cours de langue étrangère, il est intéressant de s'inspirer de ces principes pour travailler l'expression orale. En effet, tout locuteur devrait faire siens les principes de simplicité, de crédibilité et de dramatisation pour communiquer efficacement. Ils valent en effet dans la vie quotidienne mais aussi dans un contexte professionnel – par exemple dans l'enseignement, dans le commerce ou encore dans la communication.

Que vos élèves fassent du français général, que vous les prépariez à un cursus universitaire ou à une carrière professionnelle, les principes qui suivent constituent une excellente base de travail.

Activités :

Les élèves ont déjà assisté à des discours politiques, réels ou télévisés. C'est une forme d'expression orale assez particulière, qui ne peut laisser indifférent. Pour déterminer les spécificités de ces discours, divisez la classe en petits groupes et demandez-leur de réfléchir à ceux auxquels ils ont assisté et de noter les traits les plus saillants. Qu'ont-ils retenu du vocabulaire, de la voix, de la gestuelle ou encore de la mise en scène du discours ?

Si ce travail est un peu difficile, si vos élèves sont jeunes ou bien de niveau débutant, demandez-leur de mimer, d'imiter ou de parodier un orateur politique. Les idées leur viendront assez facilement et par un travail collectif, de nombreux indices peuvent être trouvés.

Le principe de simplicité

Pour toucher le public, il est nécessaire d'évoquer des valeurs qui puissent être partagées et surtout comprise par le plus grand nombre. Il faut donc chercher ce qui rassemble le plus de gens et réfléchir à la manière la plus accessible de les présenter.

En classe : apprendre à organiser son discours

Pour être simple, un discours doit être facile à comprendre. Cette accessibilité passe par entre autres le vocabulaire employé (choix des termes utilisés en fonction du public) et la structure des phrases (taille restreinte pour permettre aux auditeurs de suivre). La simplicité d'un discours tient également à la clarté de sa structure : une construction rigoureuse et ponctuée de jalons ("dans un premier temps", "ensuite", "à présent", "résumons", "et pour finir" etc.).

Selon les cultures scolaires nationales, les textes et les discours revêtent des formes différentes. La structure habituellement enseignée en France peut paraître rigide, mais elle a l'avantage de bien organiser le message et d'en présenter clairement les différentes parties :

L'introduction
sa fonction est d'introduire le thème, de présenter pourquoi il mérite d'être traité puis d'annoncer les différents arguments qui vont être traités.
Le corps
il se divise traditionnellement en trois parties.

Pour une démonstration, chacune de ces trois parties développe un argument et des exemples.

Exemple :

Le sport est bénéfique, car 1. il entretient le corps et conserve la forme physique, 2. il forge le mental, 3. il enseigne les règles de la vie en société.

Pour une discussion, les trois parties adoptent le mode thèse / antithèse / synthèse.

Exemple :

Doit-on continuer de produire des voitures ? 1. oui car elles permettent la mobilité individuelle et favorisent le travail, les loisirs, 2. non car elles polluent et sont cause de nombreux accident, 3. donc poursuivons la construction des voitures à condition qu'elles respectent davantage l'environnement et que des mesures de sécurité importantes soient prises.

Dans les dissertations à la française, il n'est pas rare que chacune des trois parties soit subdivisée en trois sous parties ! Elles servent à décliner l'argument en plusieurs points.

La conclusion
elle synthétise les arguments utilisés dans le corps et élargit la question discutée à un ensemble plus vaste.

À partir de ces consignes (vocabulaire accessible, phrases simples, structure limpide), vos étudiants peuvent construire des discours organisés tels que la présentation d'un programme ou d'intentions avant une élection des délégués de classe ou la défense et illustration de droits ou de devoirs proposés pour le règlement de classe.

Le principe de crédibilité

Qu'est-ce que la crédibilité ? Les élèves peuvent faire des hypothèses à partir de langues étrangères :

– anglais : credibility
– portugais : credibilidade
– espagnol : credibilidad
– italien : credibilità
– roumain : credibilitate

L'orateur doit se fabriquer une image crédible, afin de permettre au public de s'identifier. Pour cela, il doit montrer les qualités suivantes : lucidité, engagement, autorité, honnêteté. Elles se traduisent en mots par des expressions utiles aux élèves : ils en auront en effet certainement besoin au cours de leurs voyages, déplacements, travail ou études dans un pays francophone.

En classe : apprendre à persuader le public

Les qualités citées ci-dessous ont peut-être été citées déjà par vos étudiants. Si ce n'est pas le cas, organisez un travail de réflexion autour de la crédibilité et demandez leur d'y associer des qualités : que doit paraître un homme politique pour être crédible ? Quelles qualités lui permettent d'obtenir la confiance du public ?

Une fois les qualités déterminées, faites lister à vos élèves un certain nombre de phrases et de verbes correspondant à l'expression de la lucidité, de l'engagement, de l'autorité et de l'honnêteté.

Voici ci-dessous quelques exemples :

lucidité je sais que...
j'ai conscience que...
je comprends que...
je suis au courant que...
je reconnais que...

engagement
qui exprime
sa volonté d'agir
je vais...
je jure de...
je promets de...
je m'engage à...
je suis déterminé(e) à...

autorité en tant que délégué(e), je...
en tant que plus âgé(e) / jeune, je...

honnêteté je n'ai jamais...
je n'ai pas...
je ne... plus...
je... toujours
je jure que...

À partir de ces exemples, vous pouvez faire travailler les élèves sur la construction d'un discours persuasifs. Cet exercice d'expression orale pourrait prendre place lors d'élections en classe, de débats, etc.

Le principe de dramatisation

Le terme "dramatisation" peut évoquer des termes déjà connus (drame, dramatique...) ou bien des mots proches appartenant à d'autres langues :

– anglais : drama, dramatic
– portugais, espatgnol : dramático
– allemand, néerlandais : dramatisch
– italien : drammatico

Pourquoi "dramatiser" un discours politique ? L'origine grecque drama rappelle la composante théâtrale de la politique. On parle en effet des "effets de manches" des avocats, mais les politiciens savent aussi faire du cinéma. Bons acteurs, cabotins ou jeunes premiers, les hommes et les femmes politiques savent employer des mots et des arguments qui font mouche, c'est-à-dire qui provoquent l'émotion du public. Un public ému, sera en effet plus sensible, plus réceptif au discours.

En classe : apprendre à toucher le public au-delà des mots

Quel autre paramètre important faut-il prendre en compte lorsqu'on s'adresse à une personne ou un groupe ? La communication passe en effet par plusieurs canaux : le linguistique est le plus évident, mais on s'exprime aussi à travers son corps, sa gestuelle, ses mimiques. Pour le constater, il suffit de regarder un film en coupant le son ou bien d'observer les discussions dans la rue sans prêter attention aux paroles.
Chez les hommes politiques, les gestes sont d'une grande importance et ils tiennent rarement du hasard ou de la spontanéité. Doigt pointé inquisiteur, poing serré contre la poitrine, sourcils levés, adossement nonchalant au pupitre, regard par en-dessous... Tous ont une fonction, qu'il s'agisse d'incarner l'autorité, de faire appel à l'émotion ou encore de paraître détendu.

Le français, langue latine, ne se passe guère de tous ces gestes, qui ponctuent et relèvent le discours. Si vos élèves n'en sont pas familiers, un véritable entraînement peut être mis en place dans le cours afin d'augmenter et d'affiner leur compétence communicative.

D'autres activités

Débattre

Cet exercice oral peut se pratiquer assez tôt, à condition de donner les outils linguistiques nécessaires aux élèves. Les actes de parole du type "s'exprimer", "donner son avis", "dire qu'on n'est pas d'accord" figurent peu après le début des manuels.

Pour organiser un débat en classe, des règles doivent être respectées. En voici quelques unes à définir avec vos étudiants :

  • chacun peut s'exprimer librement ;
  • il faut respecter la parole des autres pour que sa propre parole soit respectée ;
  • on ne doit pas insulter ou dire du mal des autres ;
  • il faut écouter les autres qu'on soit d'accord ou non ;
  • il faut laisser finir la personne qui a la parole : on peut prendre des notes pour réagir ensuite ;
  • il faut demander la parole, sinon personne ne s'entend ;
  • des rôles peuvent être répartis : porte-parole, secrétaire, arbitre, animateur...

La langue de bois

C'est ainsi que l'on nomme ce langage touffu qui, sous des abords complexes et profonds, ne signifie en fait pas grand-chose. Accessible aux apprenants avancés, ce jeu peut être assez amusant. Une activité peut être montée à partir de générateur de langue de bois.

Le jeu du diplomate : ni oui ni non

Comment dire les choses sans les dire vraiment ? Ce jeu populaire en France est moins simple qu'il n'y parait et requiert une certaine agilité linguistique. Voici son fonctionnement : une personne est questionnée par les autres membres du groupe. Les interrogations sont totales, c'est-à-dire qu'on ne peut y répondre que par l'affirmative ou la négative, mais sans dire "oui" ou "non" ! À la place, les joueurs doivent employer des équivalents tels que : "c'est possible" ; "assurément" ; "peut-être" ; "éventuellement" ; "pourquoi pas" ; "ça se pourrait" ; "certainement" ; "on verra", ou à l'inverse "j'en doute" ; "je ne crois pas" ; "ce n'est pas sûr" ; "ce n'est pas certain" ; "pas forcément" ; "jamais" ; "pas le moins du monde" etc.

Rédaction : Elodie Ressouches - Première publication : 01/03/07 - Mise à jour : 06/08/07

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