GRAMMAIRE ACTUELLE ET CONTEXTUALISÉE DU FRANÇAIS (GRAC)

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La phrase et ses formes

Énoncé et phrase

On utilise le terme énoncé pour désigner un mot ou un groupe de mots de forme quelconque lié à une situation de communication particulière :

D’accord !
Ah bon ! Oh là là ! C’est compliqué, ça !
Oui, je viens demain.

On utilise le terme phrase pour désigner un énoncé considéré du point de vue de son organisation et de sa forme. C’est une notion utilisée pour la description de la langue.

La structure de base d’une phrase (dite phrase canonique) est :

nom (pronom) – verbe – nom (pronom)
Mes enfants adorent les glaces.

ou bien, si le verbe n’a pas de complément :

nom (pronom) – verbe
Le temps passe.

La phrase est le point de vue que l’on a privilégié dans la tradition grammaticale pour décrire le français. C’est un espace d’observation de référence qui permet de montrer comment des groupes de mots (groupe du nom ou groupe nominal, groupe du verbe ou groupe verbal…) y sont ordonnés en séquences. Elle unit ces groupes et leur donne une cohérence syntaxique.

La phrase simple

La structure minimale de la phrase de base, dite aussi phrase simple (même si elle est longue) repose généralement sur les éléments suivants :

groupe du nom / pronom – verbe

Le verbe est souvent, mais pas nécessairement, suivi d’un complément (groupe nominal, groupe prépositionnel, proposition introduite par que en fonction d’objet.

Quand le verbe a un objet, la phrase correspond à l’ordre sujet-verbe-objet (abrégé sous la forme SVO), qui est l’ordre habituel dans lequel ces éléments se succèdent dans la phrase en français. Cet ordre donne des indications sur la fonction des groupes : le groupe à gauche du verbe (c’est-à-dire qui, dans un énoncé, est avant le verbe) est normalement le sujet du verbe ; le groupe à droite (c’est-à-dire qui, dans un énoncé, est après le verbe) est l’objet du verbe. Cependant, cet ordre n’est pas toujours respecté ; dans ce cas, la fonction de sujet est marquée par d’autres indices.

La phrase peut aussi contenir des compléments dits circonstanciels (qui sont généralement des groupes prépositionnels), dont la place peut varier :

En été, en Provence, il fait souvent très chaud.
En Provence, il fait souvent très chaud en été.

Mais, comme dans de nombreuses autres langues, la place de ces éléments n’est pas réellement libre. En français, on a tendance à placer l’information importante à la fin de la phrase. Il y a une différence entre les deux énoncés suivants :

Demain, Max va à Paris.        [information : à Paris]
Max va à Paris demain.          [information : quel jour]

Dans le français parlé, on sépare souvent les éléments en présentant ce qui est connu, puis en annonçant l’information nouvelle :

Mon frère, sa voiture, il l’a achetée hier.
Toi, tes problèmes, on les connaît.

Pour distinguer le complément d’objet et le complément circonstanciel, on utilise aussi les termes suivants :

  • compléments d’objet : compléments essentiels du verbe, car ils lui sont rattachés selon les constructions de celui-ci : le verbe « commande » la présence d’un groupe nominal, obligatoire (aller), facultatif (regarder), ou d’un groupe prépositionnel…
  • compléments circonstanciel : compléments accessoires; ils ne sont pas nécessaires à la structure de la phrase.

Certains verbes comme être, devenir, rester, sembler sont employés avec des adjectifs ou des groupes adjectivaux ; ils ont alors comme sens d’attribuer une qualité au sujet :

Le prof est content de moi.

Le groupe adjectival content de moi a, dans ce cas, la fonction d’attribut.

Ces verbes ont aussi comme compléments des groupes nominaux (mais ils servent alors surtout à identifier) ou des groupes prépositionnels (qui indiquent une localisation) :

Michel est mon cousin germain.
Le musée Soulages est à Rodez.

Les phrases-type

Les phrases dans leur diversité peuvent être ramenées à un petit nombre de structures-type :

  • assertion ou type déclaratif : c’est la phrase simple avec le verbe à l’indicatif. Elle est de forme : groupe nominal – verbe (– groupe nominal/groupe prépositionnel)… Elle est utilisée pour affirmer (on dit aussi asserter). C’est le type de phrase le plus connu.

Le lion mange le chasseur.

  • interrogation ou type interrogatif : c’est une demande d’asserter, qui sert au questionnement. Elle reçoit des formes multiples (par exemple une simple intonation montante) :

On y va ?

  • injonction ou type impératif : elle exprime une demande, une suggestion, un ordre, un conseil… Ce type peut se réaliser par un verbe à l’impératif :

Baisse un peu le ton, s’il te plaît.

À ces types, qui ne peuvent pas se cumuler entre eux, on ajoute d’ordinaire :

  • le type négatif qui nie, réfute, contredit… un contenu asserté. Il est indiqué par des adverbes comme pasne… pas, ne… plus

Nous n’irons plus au bois.

On considère aussi comme des types certaines phrases qui ont une structure particulière :

  • type impersonnel, avec un pronom sujet il postiche, c’est-à-dire qui ne renvoie à aucun référent :

Il fait bien gris ce matin, mais heureusement il ne pleut pas.

  • type à mise en relief, avec extraction (c’est … que), ou détachement, très présent à l’oral :

C’est de cette actrice que toute la France parle actuellement.
Les confitures, elle les fait bien, ma grand-mère.

  • type à présentatif, qui utilise voici, voilà, il y a :

Voilà notre nouvel appartement.
Il y a un étudiant qui vous demande.

  • type exclamatif, qui se manifeste par l’intonation et traduit une réaction plus ou moins forte du locuteur :

Vous êtes pilote de formule 1 ! Super cool !

 

Jean-Claude Beacco


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