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Monter une radio

Rares sont les écoles équipées d’un studio radio. Heureusement, il n’est pas forcément nécessaire de disposer de tels équipements pour faire de la radio en français avec ses élèves ! Avec un enregistreur numérique et un ordinateur muni d'un logiciel de traitement du son, il est possible de faire des enregistrements et des montages sommaires d’interviews, de reportages ou encore de petites émissions. Si l’ordinateur est connecté à internet, vous pouvez même envisager de lancer une webradio (radio numérique diffusée en ligne). Attention cependant à ne pas vous laisser dépasser par la technique : faire de bons documents radiophoniques est une affaire de contenu avant d’être une affaire de forme !

La retransmission publique des travaux réalisés par les élèves est une grande source de motivation et de valorisation. Voici plusieurs pistes de diffusion :

  • créer une webradio grâce aux blogs audio (exemple : Podemus) ;
  • démarcher des radios locales pour une diffusion régulière ou ponctuelle des travaux des élèves ;
  • idem pour des radios communautaires ;
  • idem pour des radios pédagogiques, dédiées à l’actualité de l’enseignement et à la formation ;
  • obtenir un créneau à la radio de l’école (en général un canal d’émission interne, émis via les hauts-parleurs de l’école) ;
  • passer les enregistrements sur le magnétophone ou sur le lecteur CD devant les élèves qui apprennent le français ;
  • enregistrer les travaux sur des cassettes ou des CD pour que les élèves puissent les faire écouter à leurs proches.

Des exemples d'émissions

En matière de radio, il existe une multitude de possibilités d’émissions, de reportages, de chroniques, de thèmes… Voici quelques exemples :

  • un journal parlé hebdomadaire, bimensuel, mensuel…
  • reportage informatif ou documentaire composé de narration et d'interviews mêlées en général à des bruits de fond, par exemple sur la francophonie dans votre ville ou dans votre pays ;
  • des interviews de francophones (touristes, expatriés, travailleurs volontaires, compatriotes bilingues…) ;
  • une émission de critiques sur l’actualité de la musique, de la littérature, du cinéma, avec des extraits de chansons, de bandes sonores de films ou encore la lecture d’extraits de romans ;
  • une lecture interprétée d’une pièce de théâtre, d’un roman ;
  • un feuilleton radiophonique imaginé, écrit et joué par les élèves ;
  • des sketchs ;
  • des chansons francophones chantées par des élèves (et éventuellement jouées) ;
  • un "paysage sonore" : reportage illustratif de sons et de paroles portant sur un sujet ou sur un événement ;
  • reportage :
  • une chronique, c'est-à-dire un billet d’humeur sur un thème léger ;
  • un micro-trottoir présentant des extraits de réactions de passants enregistrées dans la rue portant sur un sujet donné. Les micro-trottoirs sont censés refléter l’avis de "l’homme de la rue".

Pour avoir des informations sur la manière de sélectionner un sujet de reportage et sur les recherches préparatoires, consultez les fiches Choisir un thème et Rechercher sur internet.

Pour ménager des surprises lors de l’écoute des réalisations, vous pouvez demander aux élèves de travailler en groupe. Ainsi, chacun découvrira les travaux des autres.

Faire une émission radiophonique

La radio tient une place à part dans le monde des média dans la mesure où il ne dispose que d’un seul canal pour transmettre des informations : le son. L’imprimé comporte en effet du texte et des images fixes, la télévision cumule le son et l’image animée, enfin internet associe le texte, le son, l’image fixe et animée.

Faire une émission destinée à la radio dépasse donc largement le simple enregistrement d’une interview ou d’une ambiance sonore. Faites l’expérience d’écouter le journal télévisé sans regarder les images. Vous observerez que les commentaires sont rarement suffisants pour suivre le reportage et comprendre précisément de quoi il s’agit. Il en est de même pour les films : les dialogues seuls ne permettent pas toujours de suivre l’intrigue.

Les émissions radiophoniques utilisent la voix et les sons de la même manière que les journaux emploient les images. La voix et les sons véhiculent des informations et illustrent le propos du journaliste. Cela explique par exemple que de nombreux reportages commencent par une séquence sonore enregistrée sur les lieux mêmes de l’enquête : cliquetis de cuisine pour un reportage dans un restaurant, bruits de circulation pour un sujet sur les retours de vacances, extraits musicaux pour la couverture d’un festival de chant, etc.

Dans le cadre d’un reportage radio, il est nécessaire de compenser l’absence d’images par des descriptions, des ambiances sonores ou tout autre moyen de capter l’attention de l’auditeur. En effet, écouter ne requiert pas autant d’attention que regarder ; les personnes qui écoutent la radio font souvent quelque chose d’autre en même temps. Il est donc capital de "frapper fort" dès le début du reportage et de plonger sans tarder l'auditeur dans le vif du sujet.

Le reportage doit cependant rester compréhensible et surtout ne pas "sauter du coq à l’âne", car l’auditeur, contrairement au lecteur de journaux, ne peut pas revenir en arrière. S’il ne comprend pas une information, il n’y a pas de rattrapage possible. Tout doit être clair dès la première écoute.

Le reportage radio n’est pas une chose aisée mais c’est une activité pédagogique très riche. Elle permet de travailler sur l’expression et la synthèse d’idées, l’argumentation et l’illustration dans un cadre ludique et valorisant pour l’élève.

S'équiper avec le matériel adéquat

Les appareils enregistreurs sont divers : magnétophone à cassette, dictaphone, enregistreur avec minidisc ou dictaphone numérique MP3… Il est aussi nécessaire d’avoir un micro (sauf s’il est déjà intégré dans l’enregistreur, comme dans un dictaphone) ainsi que des écouteurs pour contrôler l’enregistrement tout au long de sa réalisation.

Pour un reportage efficace, il faut penser à :

  • se familiariser au préalable avec l'équipement, pour les élèves comme pour l’enseignant ;
  • avoir des cassettes et des piles de rechange ;
  • faire quelques secondes d’essai avant chaque enregistrement pour vérifier que tout fonctionne bien ;
  • identifier les cassettes afin de ne pas en réutiliser une dans le feu de l’action ;
  • porter des écouteurs pour veiller à la qualité de ce qui est enregistré (ce qu’on entend soi-même et ce qui est enregistré diffère parfois beaucoup : les bruits parasites tels que les éternuements, les bruits de circulation ou les chaises qui raclent le sol sont filtrés par nos oreilles sur le moment mais ils ressortent nettement dans un enregistrement) ;
  • tenir le micro près de la source, qu’il s’agisse du sécateur d’un jardinier ou d’enfants qui jouent. Pour enregistrer une personne, il faut positionner le micro à une quinzaine de centimètres de sa bouche, au niveau du menton (cela neutralise les "ch", "s", "p" ou encore "t"). Au début de l’interview, il ne faut pas hésiter à faire quelques essais, écouteurs sur les oreilles, en faisant par exemple lire un petit texte à l’interlocuteur ;
  • faire fonctionner une montre ou un chronomètre à partir du début pour noter le temps des passages exploitables (cela permet de les retrouver plus vite par la suite).

Enregistrer l'émission

L’enregistrement du reportage requiert une certaine préparation. Si les élèves comptent faire des interviews, conseillez-leur de :

  • faire l’interview dans un lieu calme si seules comptent les paroles de l’interlocuteur ;
  • détecter les éventuels bruits parasites (bourdonnement des lampes, sonnerie du téléphone…) : le micro doit être en mode "mono" ;
  • enregistrer dans un lieu animé ou lors d’un événement pour obtenir un fond sonore, qui doit être pertinent au regard du sujet traité (exemple : sirènes de bateau, cris des marchands de poisson, mouettes… pour un reportage sur la pêche). Ce procédé permet de plonger l’auditeur dans l’ambiance sonore du thème : le micro doit être en mode "stéréo" ;
  • ne pas couper l’enregistrement lorsque l’interview est terminée : il peut y avoir des paroles ou des sons utiles pour le reportage (exclamations, rires…) ;
  • parler soi-même de manière claire, employer des phrases courtes et des mots simples pour poser des questions et dire les commentaires qui figureront dans le reportage ;
  • communiquer un seul message par phrase ;
  • parler en ponctuant ses paroles et surtout ne pas lire un texte rédigé !

Rappelez aux élèves de demander aux interviewés de se présenter en quelques mots. Il est utile de faire plusieurs enregistrements de ces introductions, par exemple une au début, une deuxième lors d’une pause et une dernière à la fin. La tonalité et l’aisance du témoin diffèreront beaucoup de l’une à l’autre et permettront de monter des présentations contrastées des intervenants. A la radio, il n’y a pas d’images, il faut donc mettre en valeur des indices sonores pour que les auditeurs puissent imaginer les intervenants !

De nombreuses informations sur la préparation et sur le déroulement sont contenues dans la fiche Faire une interview.

Le montage

Le premier travail à accomplir est d’écouter plusieurs fois les enregistrements afin de les avoir bien en tête. Il peut être utile de faire un index en inscrivant les moments principaux et leur durée.

Le montage consiste à organiser de manière pertinente les séquences sélectionnées pour que le reportage développe un récit, expose une situation, explique un problème. Les séquences de paroles peuvent être entrecoupées ou liées par de la musique ou des ambiances sonores. Pour finir une séquence et passer à la suivante, on peut aussi utiliser des rires, des soupirs, des mots ponctuants comme "Voilà", "Enfin", des expressions ou encore de petites plages de silence.

Pour tout savoir sur la production sonore et créer une radio en ligne avec vos élèves, consultez la fiche très détaillée proposée par Francparler : comment créer un podcast ?

Rédaction : Elodie Ressouches - Première publication : 03/06/05 - Mise à jour : 01/10/07

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