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Dossier artImaginer les "coulisses" d’un portrait





Et si au départ, il n’y avait… rien ? Rien d’autre que le tableau lui-même ? Une entrée en matière originale et séduisante pour les élèves consisterait à montrer le portrait débarrassé des informations habituellement fournies avec les œuvres. Auteur, modèle, réalisation ou encore contexte historico-culturo-politique sont autant de données laissées temporairement de côté afin que les apprenants appréhendent l’œuvre nue.

Cette première rencontre avec l’œuvre donnerait donc lieu à une approche inductive de l’œuvre : les élèves imaginent, proposent, donnent leur point de vue sur les "coulisses du tableau".

© Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard

Qui est-elle ? Comment est-elle ? Où est-elle ? Que fait-elle ? À quoi pense-t-elle ? Que / qui regarde-t-elle ? L’enseignant peut être surpris de la qualité d’observation de ses étudiants, qui prendront comme un défi la résolution de l’énigme que constitue le tableau.

Pour diversifier sa pratique :

  • Circonscrire le travail en observant une partie de l’œuvre seulement (par exemple le fond pour voir comment le monde extérieur est représenté).
  • Répartir les élèves en petits groupes et leur attribuer différents plans ou éléments de l’œuvre.
  • Répartir les élèves en petits groupes et leur distribuer une partie de l’œuvre imprimée et découpée : ils doivent travailler à partir de leur section sans voir les autres.
  • Avec la classe entière, révéler l’œuvre petit à petit.
  • Demander aux élèves de dire ou de noter les mots qui leur viennent en observant les formes, couleurs, actions, sensations, sentiments représentés. En fonction de la thématique, l’enseignant peut demander des verbes, des substantifs, des adjectifs qualificatifs…
  • Dire ou écrire si on aime, on n’aime pas, on aime plus ou moins, et pourquoi.

Ces activités peuvent déboucher sur une production écrite. Citons par exemple l’autobiographie imaginaire de la servante représentée par Chardin dans le tableau La Pourvoyeuse, rédigée par une lycéenne italienne dans le cadre du projet "Les Lumières" et dont voici un extrait.

© Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard

"Je m’appelle Emilie Dubois et je suis née en 1710. Je vis depuis ma naissance chez une famille très riche appartenant à la noblesse française (je préfère ne pas dire son nom) mais je ne suis pas noble, une dame toujours bien peignée et habillée : je suis seulement une domestique qui doit se contenter de peu posséder (un bonnet, un tablier et une vieille robe) et servir fidèlement son Maître et sa Maîtresse, sans cesse. […] Mon Maître a reçu une visite d’un peintre très charmant qui s’appelait Chardin : il voulait lui faire un portrait. Tandis qu’ils parlaient dans le grand salon, je suis entrée pour leur apporter quelque chose à manger et j’ai noté qu’il me regardait d’un air étrange. Avant de s’en aller il m’a appelée d’un côté et il m’a dit : "La vérité c’est que je ne suis pas venu pour votre Maître, mais pour vous." […] La seule chose que j’avais comprise était le présage d’une révolution qu’il avait dans la tête. Pendant qu’il peignait, toutes les fois que je lui demandais pourquoi il m’avait choisie, moi, comme sujet de son tableau et pas une belle marquise ou un riche comte, il me répondait toujours avec un air mystérieux : "Vous verrez, vous verrez…"." (Lire le texte complet)

Rédaction : Elodie Ressouches, en collaboration avec Magali Simon, musée du Louvre
Première publication : 14/12/07 - Mise à jour : 14/12/07

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