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Petit abécédaire de la phonétique


Alphabet phonétique international

"L'API est un alphabet utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé. Contrairement aux nombreuses autres méthodes de transcription qui se limitent à des familles de langues, l'API est prévu pour couvrir l'ensemble des langues du monde. Le nombre de caractères principaux de l'API est de 118 ce qui permet de couvrir les sons les plus fréquents. Développé par des phonéticiens britanniques et français sous les auspices de l'Association phonétique internationale, il a été publié en 1888. Sa dernière révision date de 2005.

La transcription phonétique en API consiste à découper la parole en segments sonores supposés atomiques, et à employer un symbole unique pour chacun de ceux-ci, en évitant les multigrammes (combinaisons de lettres, comme le son "ch" du français, noté [ʃ] ou le gli italien, transcrit [ʎ]). On notera que l'usage linguistique est d'indiquer la transcription phonétique d'un mot entre crochets.

L'utilisation de l'API est maintenant établie dans l'enseignement, l'apprentissage et l'étude des langues. Notamment, la plupart des dictionnaires bilingues utilisent cet alphabet ou une transcription phonologique qui en est inspirée. L'API est également un outil essentiel pour rendre à l'écrit les langues jusqu'à présent non écrites : de nombreuses langues d'Afrique se sont dotées d'une orthographe utilisant comme signes complémentaires des caractères de l'API."

Tout l’API en une page (document PDF)
Une "machine à écrire" en API
Enregistrements vidéo des sons de l’API

Consonne

"En phonétique, on appelle consonne un son du langage humain dont le mode de production est caractérisé par l'obstruction du passage de l'air dans les cavités situées au-dessus de la glotte."

Une consonne peut être classée selon différents critères :

Le point d'articulation : on s'intéresse à l'organe phonologique mis en jeu lors de la production du son. Exemples : bilabiale = lèvres, comme dans [b].

Le type d'obstruction : il s'agit de l'action qu'exécute l'organe phonologique. Exemples : occlusive = blocage complet de l’air puis soudain relâchement comme pour [d] ou [g] ; fricative = resserrement du chenal expiratoire comme [f] ou [v].

La cavité de résonance : celle-ci peut être la bouche (consonne orale) ou le nez (consonne nasale comme [m] ou [n], imprononçables si on se bouche le nez).

Le type d'écoulement : l'air circule par un canal central (consonne centrale comme [z]) ou sur les côtés (consonne latérale comme [l]).

Le mécanisme à l'origine de l'écoulement : en français l'air provient des poumons (consonne pulmonaire).

Le voisement : c'est-à-dire si les cordes vocales vibrent ou non pendant l'émission du son : si elles vibrent, la consonne est dite voisée ou sonore ([b]), sinon elle est non voisée ou sourde ([p]).

La durée d'émission de la consonne

En savoir plus sur les consonnes françaises (signe, coupe sagittale, enregistrement, description articulatoire)

"Ah les belles choses ! Les belles choses !"

Dans la scène 4 de l’acte II du Bourgeois gentilhomme, Molière met en scène Monsieur Jourdain aux prises avec son "Maître de philosophie" qui lui enseigne "la nature des lettres, et la différente manière de les prononcer toutes"...

Texte de la scène 4 de l’acte II

Coupe sagittale

Une coupe sagittale est un plan vertical du corps humain. En phonétique, les coupes sagittales des cavités buccale et nasale servent à montrer les lieux d’articulation des sons. Voici trois exemples : saurez-vous les rattacher aux sons [f] / [v], [t] / [d] et [k] / [g] ?

Coupe sagittale 1      Coupe sagittale 2       Coupe sagittale 3

Source : Martin Pierre, Éléments de phonétique avec application au français, Canada, Presses de l'université Laval, 1996.

E caduc

"L'e caduc (ou muet) français est une voyelle virtuelle, dans le sens où elle peut se manifester ou non dans un mot selon son environnement, le registre de langue adopté... Le [ə] se prononce ou non selon un nombre de paramètres variables qui peuvent s'ajouter les uns aux autres.

Il est le plus souvent éliminé, d'autant plus quand le locuteur parle vite et dans un registre familier. Quand plusieurs e caducs se suivent dans des monosyllabes, le phénomène est amplifié car le locuteur tend à n'en garder qu'un seul dans les registres courants et familiers. Ainsi, un énoncé comme "je me le demande" pourra être réalisé [ʒməldmãd] (en fait plus souvent réalisé [ʒməlmmãd], avec assimilation de [d] à [m]). Il apparaît que son maintien dans la première syllabe donne à l'énoncé un tour un peu moins familier : je le verrai [jəlvere] l'est moins que [jləvere]."

Un exemple cocasse de chute du e caduc

"Avez-vous déjà vu ? " est une série de clips diffusée à la télévision française. Basés sur un humour proche du non-sens, ces animations mettent en scène des choses ou des personnages dans des situations invraisemblables et amusantes. Débutant par "Avez-vous déjà vu…", elles se terminent invariablement par "Maintenant, oui".

Dans l’exemple ci-dessous, la consonne N cherche à devenir la voyelle O



La voix off
Avez-vous déjà vu…
Le N
Mmmh mais il y a aucune raison, de toutes façons je suis pas d’accord…
La voix off
... une consonne qui veut devenir une voyelle ?
Le N
Je suis pas d’accord parce que je suis sûr que je fais aussi bien le O que toi.
Le O
Ah bah tiens, tu veux qu’on échange ?
Le N
Mais, tout à fait... Pardon…

Les autres lettres protestent.

Le N
Et ben voilà, une cnnsoonne qui veut devenir une voyelle, ça marche.
Le E
Une cnnsoonne… Bah alors dans ce cas, moi je change aussi hein… Voilà, c’est n’importe quoi : dveenir.
Le N
Ca marche très bien !
Le E
Oui c’est pas un bon exemple mais… mais, quand même
Le N
Ca marche très bien ! C’est impeccable !

Brouhaha.

La voix off
Maintenant, nui.
Le N
Voilà, ça marche très bien !

Paires minimales

"Une paire minimale désigne, en phonologie, une opposition de deux mots qui ne se distinguent que par un seul phonème. Le phonologue posera l'existence de deux phonèmes distincts là où il y aura distinction de sens. Le français distingue par exemple [v] et [b] et il est facile de trouver des paires minimales qui attestent cette opposition phonologique : brille ~ vrille, par exemple."

Trapèze vocalique

"Les voyelles françaises sont souvent représentées sous forme de trapèze. Cette forme géographique doit représenter la position approximative des organes articulatoires (principalement la langue dans le cas des voyelles) lors de leur production."

Trapèze vocalique

Cet article de Florentina Fredet indique de nombreuses pistes et activités pour travailler la phonétique, en particulier avec le trapèze vocalique.

Voyelle

"En phonétique, on appelle voyelle un son du langage humain dont le mode de production est caractérisé par le libre passage de l'air dans les cavités situées au-dessus de la glotte, à savoir la cavité buccale et/ou les fosses nasales. La plupart des voyelles utilisées dans les langues sont sonores, c'est-à-dire qu'elles sont prononcées avec une vibration des cordes vocales."

Le timbre des voyelles dépend du nombre, de la forme et du volume des résonateurs traversés par l'air expiré :

Nombre de résonateurs :

  • la totalité de l'air expiré passe par la cavité buccale : voyelles orales, comme "Allô".
  • une partie de l'air passe par les fosses nasales : voyelles nasales, comme "Un an".
  • les lèvres sont projetées vers l'avant : voyelles arrondies, comme "Le loup".

Profondeur du point d'articulation :

  • la partie avant de la langue se rapproche de l'avant du palais : voyelles antérieures, comme dans "Hue !"
  • l'arrière de la langue se rapproche de l'arrière du palais : voyelles postérieures, comme dans "Hou !"
  • la partie centrale de la langue se rapproche du palais : voyelles centrales, comme dans "Euh…"

Volume du résonateur buccal :

Il dépend essentiellement du degré d'ouverture de la bouche :

  • degré 1 : voyelles d'aperture minimale ou fermées, comme [i] ;
  • degré 2 : voyelles mi-fermées, comme "bébé" ;
  • degré 3 : voyelles mi-ouvertes, comme "mère" ;
  • degré 4 : voyelles d'aperture maximale ou ouvertes, comme [a].

En savoir plus sur les voyelles françaises (sons, signes, coupes sagittales, descripteurs)

"Oooh !" et "Aaaah..."

En 2007, la marque de soda à l’orange a décliné la campagne "Sup’Orangina", qui reprend les codes des grandes écoles supérieures. Plusieurs clips illustrent le message de la marque. Celui-ci prend place dans un amphithéâtre et montre une séance d’analyse phonétique du nom "Orangina".


Le professeur Pourquoi la première lettre de "Orangina" est-elle un O ? Parce qu’en prononçant ce O, la bouche prend elle aussi la forme d’un O exactement comme le goulot rond d’une bouteille d’Orangina !
Les étudiants Ooooh !
Le professeur Et c’est pour ça qu’elle s’adapte si parfaitement à notre bouche et qu’elle en est le prolongement naturel !
Les étudiants Aaaaah !
Un étudiant Mais tout cela n’explique pas pourquoi "Orangina" se termine par un A !
Le professeur Mais parce que c’est ce que fait la bouche en terminant un Orangina… Démonstration ! [Il boit.] Aaaaah…

 Ooooh !     Aaaaah...





Source des définitions : Wikipedia et le très développé cours de phonétique de Christian Guilbault de Simon Fraser University (Canada).

Rédaction : Elodie Ressouches - Première publication : 07/04/08 - Mise à jour : 18/04/08

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