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Le point de vue des responsables d'association

Premier volet

Nous avons choisi de donner la parole à celles et ceux qui remplissent des fonctions au sein d'une association d'enseignants. Dans cette première synthèse de leurs réponses, vous verrez qu'ils ne cachent rien des difficultés auxquelles ils sont confrontés.

Obstacles et solutions

Le premier obstacle que rencontre Jean Benoît Alokpon en tant que responsable de l'Association des professeurs de français du Bénin est celui de la difficulté de mobilisation des enseignants autour de manifestations précises : "Les nombreuses occupations des uns et des autres ne leur permettent pas de répondre présents aux invitations. C’est le même problème qui se pose au sein du bureau exécutif national où tous les membres sont rarement disponibles pour participer aux réunions. Le problème de communication est également un facteur limitant dans les actions éducatives au Bénin, l'internet et le téléphone n'étant pas encore à la portée de tous."

Mohamed el Moktar pointe aussi le manque de temps dont disposent les membres d'une association, qui ont des emplois du temps souvent déjà chargés par ailleurs : "pour mieux valoriser le travail associatif, nous négocions avec les autorités et organisons des sensibilisations au sein du milieu scolaire."

Pour contourner ces difficultés, Jean Benoît Alokpon compte essentiellement sur les volontaires et fait appel à des personnes ressources pour des tâches ponctuelles. Mais les volontaires ne courent pas toujours les rues ! Malgorzata Piotrowska-Skrzypek et Ewa Kalinowska, de l'Association des professeurs de français en Pologne, les appellent les "moteurs" ou "locomotives" ! Parfois, "face à la passivité de la majorité : fatigue des moteurs" !

Fatigue aussi liée aux démarches administratives, qui peuvent être longues et pénibles comme en Pologne (pour un simple changement d'adresse par exemple).

S'ajoute à cela le manque de ressources financières, "par rapport à nos ambitions", tient à préciser Mohamed el Moktar. Sans compter que les cotisations ne sont pas toujours versées. Pour pouvoir faire face, Jean Benoît Alokpon se tourne vers le gouvernement, l’ambassade de France, ou la Commission nationale permanente de la Francophonie. La sponsorisation est envisagée aussi comme une solution alternative. L'Association marocaine des professeurs de français fait de même, mais quand les partenaires manquent à l'appel, les actions les plus faciles à mettre en œuvre et les moins couteuses sont retenues.

Pour Márcio Venício Barbosa, qui préside la Fédération brésilienne des professeurs de français, "l’obstacle le plus important, sans aucun doute, est le manque de synergie entre les différents acteurs de la Francophonie. Nous sommes très nombreux, mais nous nous connaissons très peu."

Urs Tschopp, président de l'Association suisse des professeurs de français, dénonce pêle-mêle : "la disparité et la complexité du système éducatif ; la pression croissante d'une idéologie inspirée par l'économie sur le système éducatif ; le manque d'une vision systémique et globale ; le repli de beaucoup de collègues sur leur enseignement dans leur établissement."

Márcio Venício Barbosa n'est pas loin de partager cette position : "l’absence de politiques linguistiques dans les différents systèmes éducatifs" fait que "la priorité est souvent donnée par les décideurs aux critères économiques et politiques pour le choix des langues étrangères".

Isabella Thinsz, présidente de l’Association des enseignants de français en Suède, ajoute : "Le plus grand problème que rencontrent notre association et les enseignants de français, c’est qu’il y a chaque année de moins en moins d’élèves qui poursuivent leurs études de français. Beaucoup s’arrêtent après 2-3 ans et très peu continuent jusqu’au bac." Face à cet état de fait, l'association se bat pour valoriser les études de langues.

Bulletin de l'Association des enseignants de français en Suède

Manque de temps, manque de synergie, manque de motivation, manque d'argent, manque d'élèves ! Heureusement, si la tâche est dure, elle reste, d'après Jean Benoît Alokpon, passionnante : "c'est en définitive avec plaisir qu'on l'exécute."

Dans certains cas, les principaux obstacles ont même été surpassés, si l'on en croit Raquel Pirca : "nos rapports avec les principales institutions sont excellentes (Alliance française, ambassades francophones, ministère de l’Éducation vénézuélien, établissements supérieurs, Lycée français de Caracas, etc.). Le fait que le bureau soit hébergé à titre gracieux par l’Alliance française de Caracas en est un parfait témoignage." Mais l'Association vénézuélienne des professeurs de français a été créée il y a bientôt 25 ans...

À suivre…

Voici la liste des intervenants qui ont bien voulu répondre à nos questions. Merci à eux !

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Première publication : 06/02/06 - Mise à jour : 06/02/06

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