ressources


Accueil > Sommaire du dossier

Ethnographie d'un quartier

CouvertureAborder le thème du logement en classe de français par le biais d’une enquête ethnographique : c’est l’activité que nous vous proposons dans cette fiche, qui s’appuie sur les ateliers animés par l’association Ethnologues en herbe et son site internet Ethnoclic.net.

Il s’agit dans cette enquête d’amener les élèves à explorer leur environnement quotidien et plus spécifiquement l’habitat de leur quartier : raconter des scènes de la vie quotidienne ; décrire leur quartier sous forme de notes, de croquis, de listes ; photographier les lieux devant lesquels ils passent chaque jour ; s’entretenir avec les habitants ; établir un lexique du quartier ; cartographier leurs espaces de vie ; inventorier des objets ; collecter des traces…

Les documents réalisés au cours de cette enquête pourront être déposés sur le site Ethnoclic.net. Les ethnologues en herbe pourront ainsi confronter les résultats de leur enquête avec ceux d’autres apprenants dans d’autres villes, sur d’autres continents, et ainsi percevoir la diversité des cultures dans la vie quotidienne.

Espèces d'espaces

Dans ses ateliers consacrés à l’observation et à la description des espaces quotidiens, l’association Ethnologues en herbe invite les élèves à explorer leur quartier, leur maison, leur immeuble ou encore leur chambre.

Ces ateliers s’inspirent notamment des textes de Georges Perec tels que Espèces d’espaces ou Tentative d’épuisement d’un lieu parisien. Dans Espèces d'espaces, G. Perec s'appuie sur l'attention au banal et force à s'interroger sur la dimension historique de l'espace donné. Il propose par ailleurs un inventaire des espaces, utile dans le cadre des ateliers d’ethnographie où cette notion d’inventaire de lieux, d’objets, etc. est très souvent utilisée.

L'inhabitable

L'inhabitable : la mer dépotoir, les côtes hérissées de fil de fer barbelé, la terre pelée, la terre charnier, les monceaux de carcasses, les fleuves bourbiers, les villes nauséabondes
L’inhabitable : l’architecture du mépris et de la frime, la gloriole médiocre des tours et des buildings, les milliers de cagibis entassés les uns au-dessus des autres, l’esbroufe chiche des sièges sociaux
L’inhabitable : l’étriqué, l’irrespirable, le petit, le mesquin, le rétréci, le calculé au plus juste
L’inhabitable : le parqué, l’interdit, l’encagé, le verrouillé, les murs hérissés de tessons de bouteilles, les judas, les blindages
L’inhabitable : les bidonvilles, les villes bidon
L’hostile, le gris, l’anonyme, le laid, les couloirs du métro, les bains-douches, les hangars, les parkings, les centres de tri, les guichets, les chambres d’hôtel
Les fabriques, les casernes, les prisons, les asiles, les hospices, les lycées, les cours d’assise, les cours d’école
L’espace parcimonieux de la propriété privée, les greniers aménagés, les superbes garçonnières, les coquets studios dans leur nid de verdure, les élégants pied-à-terre, les triples réceptions, les vastes séjours en plein ciel, vue imprenable, double exposition, arbres, poutres, caractère, luxueusement aménagé par le décorateur, balcon, téléphone, soleil, dégagements, vraie cheminée, loggia, évier à deux bacs (inox), calme, jardinet privatif, affaire exceptionnelle

Georges Perec, Espèces d'espaces, Galilée, 1972

Les techniques de l'ethnographie

L’enquête ethnographique, qui consiste à observer et à décrire un environnement quotidien, à s’étonner de ce qui semblait le plus familier (ce que nous vivons quotidiennement dans la société où nous sommes nés ou qui nous accueille depuis longtemps) et à rendre plus familier ce qui paraissait originellement étrange et étranger (les comportements, les croyances, les coutumes des sociétés qui ne sont pas les nôtres), s’appuie sur diverses techniques d’exploration particulièrement intéressantes à utiliser avec des apprenants de français : l’écriture (la tenue d’un carnet de bord suscite de nombreuses productions écrites), la photographie, la cartographie, la vidéo ou encore l’entretien.

Le carnet de bord et les diverses écritures de l'ethnologie

Le carnet de bordLe carnet de bord est le principal support de l’enquête ethnographique. C’est familièrement "un journal tenu au jour le jour de façon détaillée". Chaque élève dispose de son carnet de bord où il consigne les résultats de son enquête de terrain au fil du temps. Ce "journal de terrain" sert à prendre des notes au vol, à transcrire des entretiens, à dessiner un paysage, une scène de la vie quotidienne, un objet et à les décrire, etc. Il est généralement enrichi de photos, croquis, dessins ou encore schémas géographiques. Il se double d’une réflexion personnelle permettant de prendre une distance critique par rapport à l’ensemble des notes.

Le carnet de bord convoque presque tous les types d’écritures ou de discours : le discours explicatif qui permet de restituer le plus fidèlement possible la réalité, le discours descriptif qui offre une restitution de la réalité plus subjective, en mettant en évidence le point de vue de l'auteur, le discours narratif qui permet de situer les événements observés dans le temps, mais aussi le discours poétique, en ce que l’observation et la description de la quotidienneté ont pour but de réenchanter le monde…

Exemples :

  1. Des notes prises sur le vif à la première personne du singulier, au présent ou au passé. Leur transcription, issue de l’observation de la réalité quotidienne, peut être "brute" : fiches, listes de lieux, listes de choses…
  2. Des énoncés ancrés dans la situation d’énonciation : tout carnet entretient une relation étroite avec les conditions d’écriture ;
  3. Des indices pour rendre repérable la situation d’énonciation ;
  4. Des indices de temps : le texte est daté et/ou il se réfère à des textes précédents ("Hier…") ou bien dans une même journée, il indique un déroulement chronologique ("A midi…", "Le soir vers 20 h…") ;
  5. Des indices de lieux : les localisations géographiques doivent être très précises ;
  6. Des indices de personnes : l’auteur est la personne qui fait le "voyage". C’est "je", ou "nous" selon que le texte est le fruit d’un travail individuel ou collectif (la classe, un sous-groupe dans la classe).
  7. Une marque personnelle de l’écriture : des expressions, des marques de langage personnel ou collectif (le verlan) sont autorisées.
  8. La réflexion personnelle où l’auteur met en évidence son point de vue en utilisant la première personne du singulier ;
  9. L’écriture poétique (cf. les anaphores qui permettent l’énumération) ;
  10. Les légendes et commentaires de photos, croquis et dessins réalisés par l’auteur.

L'inventaire

L’inventaire est l'une des premières étapes de l’enquête de terrain. Voici comment on peut procéder :

  • L'inventaireDéfinir avec la classe les frontières du quartier ou du périmètre à observer. On prévoit ici de faire une enquête sur les espaces familiers des élèves.
  • Pour commencer l’inventaire du quartier, on s’attache à faire nommer par les élèves, de façon brute et à la manière d’un "brainstorming", tous les éléments, objets, personnes/rôles, espaces et lieux qu’ils se souviennent avoir croisés, visités ou rencontrés dans le périmètre préalablement défini.
  • On effectue ce travail au tableau, de façon à voir se former une constellation de mots au fur et à mesurer, qu’il faudra organiser ensuite selon un code de couleurs décidé ensemble : par exemple le vert pour les éléments de la végétation, le marron pour le mobilier urbain, etc. Une carte heuristique pourrait être utilisée à l'occasion de cette activité pour classer les données.
  • Les élèves copient ce premier inventaire et le complètent après avoir observé durant leurs trajets les lieux cités en classe.

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien

En octobre 1974, G. Perec s'installe place Saint-Sulpice, dans le 6arrondissement de Paris. Pendant trois jours d'affilée et à différents moments de la journée, il tente de prendre note de tout ce qu'il voit : les événements ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages et le passage du temps. Il en établit ainsi une liste.

Extrait :

La date : 18 octobre 1974
L'heure : 10 h. 30
Le lieu : Tabac Saint-Sulpice
Le temps : Froid sec. Ciel gris. Quelques éclaircies.

Esquisse d'un inventaire de quelques-unes des choses strictement visibles :
– Des lettres de l'alphabet, des mots "KLM" (sur la pochette d'un promeneur), un "P" majuscule qui signifie "parking", "Hôtel Récamier", "St-Raphaël", "l'épargne à la dérive", "Taxis tête de station", "Rue du Vieux-Colombier", "Brasserie-bar La Fontaine Saint-Sulpice", "PELF", "Parc Saint Sulpice".
– Des symboles conventionnels : des flèches, sous le "P" des parkings, l'une légèrement pointée vers le sol, l'autre orientée en direction de la rue Bonaparte (côté Luxembourg), au moins quatre panneaux de sens interdit (un cinquième en reflet dans une des glaces du café).
– Des chiffres : 86 (au sommet d'un autobus de la ligne n° 86, surmontant l'indication du lieu où il se rend : Saint-Germain-des-Prés), 1 (plaque du n° 1 de la rue du Vieux-Colombier ), 6 (sur la place indiquant que nous nous trouvons dans le 6e arrondissement de Paris).
– Des slogans fugitifs : "De l'autobus, je regarde Paris"
– De la terre : du gravier tassé et du sable.
– De la pierre : la bordure des trottoirs, une fontaine, une église, des maisons…
– De l'asphalte
– Des arbres (feuilles, souvent jaunissants)
– Un morceau assez grand de ciel (peut-être 1/6e de mon champ visuel)
– Une nuée de pigeons qui s'abat soudain sur le terre-plein central, entre l'église et la fontaine
– Des véhicules (leur inventaire reste à faire)
– Des êtres humains
– Une espèce de basset
– Un pain (baguette)
– Une salade (frisée ?) débordant partiellement d'un cabas

Trajectoires :
Le 96 va à la gare Montparnasse
Le 84 va à la porte de Champerret
Le 70 va Place du Dr Hayem, Maison de l'O.R.T.F.
Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés

Exigez le Roquefort Société le vrai dans son ovale vert

Aucune eau ne jaillit de la fontaine. Des pigeons se sont posés sur le rebord d'une de ses vasques.
Sur le terre-plein, il y a des bancs, des bancs doubles avec un dosseret unique. Je peux, de ma place, en compter jusqu'à six. Quatre sont vides. Trois clochards aux gestes classiques (boire du rouge à la bouteille) sur le sixième.

Couleurs :
rouge (Fiat, robe, St-Raphaël, sens uniques)
sac bleu
chaussures vertes
imperméable vert
taxi bleu
deux-chevaux bleue

Georges Perec, Tentative d'épuisement d'un lieu parisien, Christian Bourgeois Éditeur, 1975

Lire la suite de l'extrait

L'observation

Avant de lancer les élèves dans le projet d’une enquête ethnographique sur leur quartier, il convient de leur donner quelques conseils à propos du sujet de l'observation et des différentes manières de l'observer.

  1. L'observationDécrire un trajet quotidien : Je raconte un trajet de chez moi à… (l’école, un magasin, etc.) en notant tous les détails sur les lieux, les gens, la manière dont ils marchent ou se comportent, la manière dont ils communiquent, se saluent, etc.
  2. Décrire une scène de la vie quotidienne : Je m’installe à un endroit que je connais bien dans mon quartier (square, stade, devant chez moi, etc.) et je note tout ce qui se passe comme si c’était une scène de théâtre : comment est le décor ? Qui sont les "acteurs" ? Que font-ils ?
  3. Décrire les gens de mon quartier : Je décris des gens de mon quartier, que je connais ou que je ne connais pas, comme si je les voyais pour la première fois. Je décris leur comportement, leurs vêtements, la façon dont ils se déplacent, leurs gestes, leurs paroles, leurs expressions, etc.
  4. Établir un lexique de mon quartier : Je relève tous les noms de rues et j’essaie de les expliquer, de les illustrer. Je relève aussi le nom des bâtiments publics, des arbres dans les rues, des commerces dans le quartier, etc.
  5. Réaliser et transcrire des entretiens-rencontres : Je rencontre des personnes dans mon quartier et je les interroge sur ce qu’elles aiment, n’aiment pas dans le quartier. Je leur demande depuis combien de temps elles habitent là ? Qu’est-ce qui les a amenées à venir vivre là ? Comment elles vivent dans le quartier ? Je peux interroger des commerçants, des habitants, des ouvriers de la voirie, des animateurs, etc.

La cartographie participative

Autre méthode d’observation, la cartographie consiste à replacer sur des plans de préférence dessinés par les élèves (memory maps) les repères, les frontières, les groupes ou individus rencontrés, les objets importants, etc.

La photographie

La méthode photographique est souvent recommandée pendant les enquêtes. Les photos sont toutes commentées et situées : heure, place, etc. On reporte ces indications sur le Carnet où des séquences de photos sont reconstruites et commentées.

Les prises d’image ont au moins trois intérêts majeurs pour l’ethnologue. Elles lui permettent d’observer avec recul les clichés pris sur le vif. Elles peuvent aussi révéler des choses photographiées qui n’étaient pas ce que le photographe s’était fixé comme objectif principal. En agençant une série de photographies, l’observateur peut prendre conscience d’une réalité supplémentaire.

L'entretien

L’entretien avec des personnes-ressources (habitants d’un quartier, membres d’une famille, d’un club, etc.), qui peut aller du "récit de vie" (autobiographie) à un ensemble de questions posées en fonction du thème d’observation, est au cœur de l’enquête ethnographique.

On peut décrire et distinguer trois types d’entretiens en profondeur.

  • Le premier vise à élaborer un récit de vie (une autobiographie sociologique). Ici, le chercheur s’efforce de saisir des expériences qui ont marqué de façon significative la vie de quelqu’un et la "définition" de ces expériences par la personne elle-même.
  • Le deuxième type d’entretien en profondeur est destiné à la connaissance d’événements et d’activités qui ne sont pas directement observables. On demande aux informateurs de décrire ce qui s’est produit et d’indiquer comment cela a été perçu par d’autres personnes.
  • Le troisième type vise à recueillir des descriptions d’une catégorie de situations ou de personnes. On se propose d’étudier un nombre relativement élevé de gens dans un temps relativement bref en comparaison avec la durée d’une recherche entièrement fondée sur l’observation participante.

Ethnographie de l'habitat : pistes d'observation

Dans une enquête sur l’habitat, les élèves peuvent être invités à mener une brève enquête ethnographique dans leur propre logement : immeuble, maison, chambre, etc. Si ce thème suscite une réticence de la part des élèves, s'il est ressenti comme une percée dans l'intimité familiale, on peut proposer aux élèves, quand ils habitent un immeuble par exemple ou une cité, d'interroger d'autres habitants. On peut aussi demander aux ethnologues en herbe de décrire un moment où ils sont en visite chez un parent, un voisin, un ami. Afin de rester en dehors du registre intime, on peut aborder la description de l'habitat depuis l'extérieur.

Espace public

Les questions suivantes peuvent être posées par les élèves aux habitants d’un immeuble :

  • Qu'est-ce qui vous a amenés à venir ici ?
  • Qu'est-ce qui a changé dans l'immeuble depuis que vous y habitez ?
  • Quels aménagements avez-vous faits dans votre logement depuis que vous y êtes ?
  • Qu'est-ce que vous aimez le plus et qu'est-ce que vous aimez le moins ici ?
  • À quel mobilier accordez-vous le plus d'importance ? Pourquoi ?
  • Quel serait pour vous l'aménagement de rêve dans l'immeuble ? Dans votre appartement ?

Espace domestique

Voici quelques pistes d’observation :

  • décris le décor, le mobilier, les couleurs, les jeux d'ombre et de lumière, l'ambiance, etc.
  • décris l'agencement des pièces, les passages, les équipements, etc.
  • imagine que tu es toi-même la maison ou l'une de ses pièces, et que la maison observe qui fait quoi à tel ou tel moment choisi de la journée, de la semaine, du week-end, du soir, etc.
  • décris et explique les espaces réservés aux usages individuels et ceux dédiés aux usages collectifs, familiaux ou autres ;
  • décris les parcours des différents occupants de la maison ou de l'appartement, à différentes heures du jour, le matin, le soir, etc. On peut prendre comme unité un jour de la semaine, un jour de week-end, etc.
  • fais un inventaire des principales fonctions de l'habitat selon toi (abri, repos, vie familiale, loisir, hygiène, confort, etc.) et liste et décris tous les lieux et objets (ou bien les plus importants de ton point de vue) servant ces différentes fonctions ;
  • choisis une fonction particulière (le repos, le divertissement, le repas) et décris les espaces et objets affectés ;
  • décris une série d'actions définissant une activité particulière : une séance de bricolage, de nettoyage, etc. ;
  • choisis un objet et suis-en le trajet dans un temps donné (un jour, une semaine, une année) : on peut ainsi suivre la piste du linge (comment il est lavé, rangé, etc.), celle de la lumière (identifier tous les objets qui servent à la lumière, définir leur emplacement, leurs usages), de la chaleur, de la propreté, du confort, du jeu, etc.

Pour aborder l'espace de la chambre, on pourrait par exemple inviter les élèves à faire un voyage autour de leur chambre en désignant les espaces dédiés à tel ou tel usage, en les décrivant, en choisissant une série d'objets précieux parce qu’ils renvoient à un souvenir, à une personne, à un hobby, etc. Les inviter à décrire le décor, l’évolution des aménagements de la chambre, la chambre dont ils rêveraient…

Proposition de déroulement d'une enquête

L’association Ethnologues en herbe prévoit entre 6 et 10 séances, réparties sur 2 à 5 mois. Les enseignants qui ne souhaitent pas consacrer tant de temps à cette enquête peuvent puiser seulement quelques éléments du contenu de ces séances.

Séance 1


  • Expliquer la démarche de l’ethnologie et la démarche ethnographique
  • Exposer les objectifs de l’atelier
  • Énoncer le cadre du travail : les séances en classe, les sorties sur le terrain, le calendrier des productions
  • Distribuer les carnets de bord individuels qui peuvent accueillir différents contenus : des écrits (textes descriptifs, inventaires, textes poétiques, transcriptions d’entretiens, etc.) ; des images (photos et photomontages, dessins, collages de traces glanées au fil des parcours, etc.)

Globalement, les types de contenus suivants sont récoltés :

  • des portraits d’habitants,
  • des récits descriptifs de trajets quotidiens avec un regard tour à tour critique, amusé, ironique, etc.
  • des séquences légendées à partir de séries de photos ou de dessins, voire de bandes dessinées,
  • des descriptions détaillées de photos avec une explication des motivations (pourquoi avoir pris telle photo) et des circonstances dans lesquelles elle a été prise,
  • des transcriptions de dialogues entre des habitants du quartier,
  • différents "tableaux" descriptifs du quartier, ou plus exactement d’un point de vue particulier sur une rue, un square, le paysage par la fenêtre d’une chambre, etc. selon l’heure du jour,
  • des récits imaginaires : si mon quartier était une couleur, ce serait… Pourquoi ? Si mon quartier était une forme, ce serait… Pourquoi ? Si mon quartier était une lettre de l’alphabet, ce serait…
  • la description d’une scène de la vie quotidienne dont l’apprenti ethnographe a été témoin, n’importe où dans le quartier : à l’arrêt de bus, à la sortie de chez moi, etc.

Séance 2

  • Travailler avec la classe sur la notion de quartier, ce qu’elle évoque chez les élèves ;
  • Définir avec la classe les frontières du quartier ;
  • Commencer l’inventaire du quartier, à savoir nommer de façon brute les mots liés à l’espace défini du quartier et les noter au tableau en les regroupant au fur et à mesure selon des thèmes représentés avec des codes couleurs. Thèmes et codes sont définis par les élèves : par exemple, un code pour les commerces, un autre pour l’environnement naturel, un autre encore pour la signalétique, etc.
  • Inviter les élèves à copier ce premier inventaire dans leur carnet et à le compléter.

Séance 3

Inciter les élèves à construire leur propre mode d’observation en prévision des sorties qui suivent sur le terrain, en leur donnant les pistes suivantes :

  • Décrire leur trajet quotidien dans le quartier en partant par exemple de chez eux jusqu’à l’établissement scolaire ; noter par le menu les détails sur les lieux, les gens, la manière dont ils marchent, se comportent, la manière dont ils communiquent, se saluent, etc. ; raconter le trajet à la première personne en définissant clairement la circonstance du trajet (moment dans la journée, trajet seul ou en groupe, le ressenti, etc. ;
  • Décrire une scène de la vie quotidienne : s’installer à un endroit que l’on connaît bien dans son quartier et noter ce qui s’y passe comme si c’était une pièce de théâtre : comment est le décor ? qui sont les acteurs ? que font-ils ?
  • Décrire les gens du quartier : ceux que l’on connaît ou ne connaît pas, comme si on les voyait pour la première fois. Décrire leur comportement, leurs vêtements, la façon dont ils se déplacent, leurs gestes, leurs paroles, leurs expressions, etc.
  • Établir un lexique du quartier : relever les noms de rue que l’on emprunte, les noms des commerces, de bâtiments publics, des monuments, des arbres, du mobilier urbain, toutes les indications, les signaux ; les expliquer, les illustrer ;
  • Réaliser et transcrire des entretiens-rencontres ;
  • Chercher des documents sur l’histoire ou la mémoire du quartier.

Définir avec les élèves les trajets qui constitueront les sorties sur le terrain d’observation. Nommer précisément les repères de ces trajets en termes de lieux, de personnes rencontrées, etc.

Séance 4


  • Découvrir le site ethnoclic.net : ressources et enquêtes réalisées par des apprentis ethnographes du monde entier sur leur quartier ;
  • Définir éventuellement une classe partenaire pour l’atelier, dans le même pays ou ailleurs dans le monde ;
  • Inviter les élèves à écrire dans leur carnet ce qu’ils ont en particulier retenu de ce parcours des environnements dans le monde, ce qui les a frappés.

Séances 5, 6 et 7


  • Collecter les informations sur le terrain (notes au vol, photographies, entretiens, récupération de traces diverses telles que tickets de magasins, de transports, cartes de visite de certains commerces, etc.) ;
  • Se familiariser avec la photographie ethnographique d’un lieu apparemment ordinaire.

Séances 8, 9 et 10


  • Réaliser l’inventaire de la collecte des informations à partir des carnets de bord et des photos prises pendant les séances sur le terrain ;
  • Réaliser des séries de photos légendées ;
  • Réaliser la carte collective (organisation par cercles concentriques autour du point de départ de l’espace d’observation ou de façon linéaire en partant d’un ou plusieurs trajets ;
  • Réaliser l’exposition virtuelle sur le site ethnoclic.net à partir de photos prises sur le terrain, des textes envoyés par les élèves, des pages scannées de leurs carnets, etc.


Source des pistes proposées
: L'atelier d'ethnographie, Livret de l'association Ethnologues en herbe pour l'éducation à la diversité culturelle, Chantal Deltenre-De Bruycker, publié avec le soutien de la Région Ile de France, de l’ACSE (Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’égalité des chances) et de Fondation RATP. Disponible sur demande.

En savoir plus

Ethnologues en herbe

Une approche locale et internationale

Animée par des ethnologues et des spécialistes du multimédia, l’association Ethnologues en herbe conjugue deux approches : l’une, locale, consiste à animer des ateliers d’ethnographie de la vie quotidienne dans des écoles, collèges, lycées, en particulier auprès d’élèves nouveaux arrivants en France. L’autre, internationale, permet à des classes de se mettre en réseau sur un site portail Ethnoclic.net qui donne à voir les résultats des enquêtes ethnographiques menées localement avec ou sans les ethnologues de l’association. Des fiches pédagogiques permettent en effet à des enseignants du monde entier de mener un atelier à distance tout en bénéficiant des conseils des ethnologues de l’association.

Des ateliers d’ethnographie

Les ateliers proposent aux élèves de s’approprier l’enquête ethnographique pour décrypter leur environnement proche. Deux types d’ateliers sont proposés : les uns, s’inspirant de l’ethnologie urbaine, sont consacrés à l’ethnographie des quartiers ; les autres proposent la découverte de la diversité des patrimoines culturels à travers les collections de musées d’ethnologie, les objets rituels et usuels de nos sociétés.

Une restitution des enquêtes sur un site internet

Chaque enquête débouche sur un projet de restitution : la mise en ligne des documents réalisés au cours des ateliers sur le site Ethnoclic.net. En effet, Ethnoclic propose des expositions virtuelles réalisées à partir des documents collectés pendant les ateliers (textes, dessins, photos, vidéos et autres enregistrements des jeunes ethnographes) et à partir de ressources ethnographiques mises à disposition par les divers partenaires de l’association (musées d’ethnologie, universités, institutions culturelles, etc.).

– L’association
– Abécédaire de l’ethnographie
– Outils et méthodes de l’ethnologue
– Exemples de réalisations

Rédaction : Haydée Maga - Première publication : 27/04/11 - Mise à jour : 06/05/11

© Franc-parler.org : un site de
l'Organisation internationale de la Francophonie