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Le français langue professionnelle

Florence Mourlhon-Dallies

Le FLP est une démarche d’enseignement du français à des fins professionnelles qui s’adresse à des personnes devant exercer leur profession entièrement en français. Pour les publics en question, le cadre d’exercice de la profession au complet est en français (pratique du métier, aspects juridiques et institutionnels, échanges avec les collègues et avec la hiérarchie) même si une partie de l’activité de travail peut être réalisée ponctuellement en anglais ou en d’autres langues (celles de clients, par exemple).

Cela différencie le FLP du français sur objectifs spécifiques (FOS), lequel permet essentiellement à des non natifs de maîtriser le français dans leur contexte professionnel d’origine, en ciblant des compétences limitées (besoins de lecture technique, contacts avec une clientèle française, négociations en français).

L’une des originalités du FLP est de ne pas se cantonner au secteur du français langue étrangère (FLE) ; le FLP s’applique tout autant à des enseignements en français langue maternelle (FLM) et en français langue seconde (FLS). Ce positionnement transversal au FLM, FLS et FLE est une des grandes différences avec le FOS.

Pour comprendre ce que le FLP recouvre, on peut se reporter au tableau ci-dessous* :

Hors préoccupation
d’emploi
-> Enseignement généraliste de la langue
Préparant l’entrée sur le marché du travail
-> français transversal aux domaines d’activité et aux postes de travail
À l’intérieur d’un secteur d’activité : le domaine est précisé mais pas le poste de travail
Dans un domaine donné et pour un poste de travail précis
FLE
Français de la communication professionnelle
Cf. Français.com
Cf. Certificat de Français professionnel de la CCIP
Français de spécialité
- français du tourisme,
- français du droit,
- français scientifique et technique
FOS :
du français intervenant ponctuellement dans la pratique professionnelle.

FLP (déclinaison par métier) :
cas particulier du français employé comme langue de travail par des locuteurs non natifs.
FLS
Français pour l’insertion professionnelle
Cf. Trait d’Union, Clé internationale
FLP (déclinaison par branche)
Publics :
- d’étudiants en fin de cursus
- de professionnels en complément de professionnalisation dans un pays francophones (ex : médecine)
- de migrants sans formation s’orientant vers un secteur (ex : métiers d’aide à la personne)
FLP
(déclinaison par métier)
Publics de migrants
- formés juste avant leur arrivée dans un pays francophone
- ou sur place, une fois arrivés

S’ils sont formés en entreprise dans le pays d’accueil, la seconde langue est apprise sur le lieu de travail (M. Grunhage Monetti)
FLM
Techniques d’expression (CV, entretien d’embauche, recherche de stage)
Modules d’insertion professionnelle pour natifs en recherche d’emploi
Français des disciplines
"cours de français" dans les écoles professionnelles, pour les bacs pros, les formations d’apprentis.
FLP
- fin de cursus d’écoles professionnelles (ex : écoles d’ingénieurs en informatique)
- montée en compétences, évolution de carrière, maintien dans l’emploi

Tableau des différents contextes
d’enseignement du français à des fins professionnelles


De gauche à droite, on peut dégager un continuum allant de l’enseignement général (ou généraliste) à l’enseignement le plus pointu, envisagé pour des métiers précis. Entre ces deux extrêmes, en deuxième colonne, se situe l’enseignement du français de la communication et de l’insertion professionnelles, transversal à tous les domaines d’activités et à toutes les professions ; puis, en troisième colonne, l’enseignement du français dans une branche d’activité donnée, qui marque un premier degré de spécialisation avant de rejoindre la colonne la plus à droite, centrée sur l’occupation de postes de travail bien circonscrits.

Le FLP connaît donc une déclinaison par branche et une par métier. La déclinaison par branche offre, comme le faisait avant elle le français de spécialité, une transversalité limitée. On peut ainsi envisager un programme de FLP pour les métiers de la santé ou pour les métiers de l’informatique, ou pour ceux de la vente, ou encore pour ceux du BTP, mais pas un FLP transversal à ces différents secteurs. Mais à la différence des découpages antérieurs, les regroupements possibles au sein des branches professionnelles sont calqués, en FLP, sur ce qui se joue réellement au travail. On ne saurait ainsi mettre ensemble un médecin scolaire et un chirurgien en fonction d’un titre ou d’un diplôme jugés de même niveau. À l’inverse, on regroupera volontiers un chirurgien, un anesthésiste et une infirmière IBODE (Infirmière de bloc opératoire diplômée d’État), dans un chaînage de métiers représentatif des dispositifs de soins effectifs. Le FLP, dans sa déclinaison par branche, privilégie l’aspect collectif et collaboratif du travail. La remarque vaut également pour la déclinaison du FLP par métier. Se centrer sur la pratique d’un métier en français ne revient absolument pas à entrer dans une logique cloisonnée d’occupation d’un poste de travail, qui ne prendrait en compte que les attributions de ce seul métier. On est à ce titre très éloigné d’une centration sur l’apprenant (telle que la proposait le français fonctionnel) axée sur les besoins liés à un métier ou à une sélection de situations types. La centration se fait sur le dispositif de travail lui-même et l’un des objectifs de la formation est la prise de conscience de l’environnement de travail au sens large.

Eu égard aux contenus d’enseignement, la notion clé de "logique d’exercice des professions" rompt avec les inventaires d’actes de paroles issus de la décomposition de situations de travail types (comme par exemple, accueillir, réserver, rassurer, conseiller pour un réceptionniste d’hôtel). Ces actes de paroles sont certes importants, mais travailler en français est plus complexe que maîtriser un certain éventail de formulations possibles dans des circonstances données. Les prises de décision, les silences, le choix du canal de communication, du ton, le devoir d’agir dans telle ou telle situation, sont des points qui conditionnent la formulation autant que les aspects linguistiques. Ainsi l’enseignant peut-il être amené à enseigner autant des attitudes que des mots ou des expressions. C’est en cela que le FLP mêle, s’il est correctement enseigné, formation professionnelle et enseignement de la langue.

Tous ces points seront repris et amplement développés dans notre ouvrage à paraître en 2008, Enseigner une langue à des fins professionnelles (Didier, collection "Langues et didactique").

Autres références récentes
  • Mourlhon-Dallies, F. (2007) : "Quand faire, c’est dire. Évolutions du travail, révolutions didactiques ?", Le français dans le monde, Recherches et applications, n° 42, FIPF et Clé international, p. 12-31.
  • Mourlhon-Dallies, F. (2006), "Penser le français langue professionnelle", Le français dans le monde, n° 346, FIPF-Clé international, p. 25-28.
Note

* Version renouvelée de celle figurant dans l’article : Mourlhon-Dallies F. (2007), "Apprentissage du français en contexte professionnel : état de la recherche", Rencontres, n° 3, DGLFLF.

Première publication : 07/03/08 - Mise à jour : 07/03/08

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