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Entretien avec Thomas Sorin

Thomas Sorin est concepteur Multimédia au Cavilam.

Depuis 1995, le Centre d’approche vivante des langues et des médias (Cavilam) participe directement à la création, au développement et à la promotion de la démarche "Apprendre et enseigner avec TV5". Il s'agit de faciliter l'entrée dans la classe au quotidien des documents authentiques tels que des clips, des émissions de télévision (reportages, interviews, débats, portraits). Comment s’effectue le choix du document à didactiser ? Les critères changent-ils selon le type de support choisi ?

Le choix du document est de façon générale un travail de collaboration entre tous les partenaires* impliqués dans le projet. En effet, chacun des partenaires a un angle d’approche différent du projet, avec des compétences spécifiques, qui va orienter son choix. La décision finale résulte donc d’un juste compromis entre les différents partenaires. Par exemple, pour les clips de l’émission hebdomadaire "Paroles de clips" de TV5 Monde, nous travaillons en étroite collaboration avec l’équipe de TV5 Monde Musique pour la sélection des clips qui doivent allier qualité musicale et potentiel pédagogique des images ainsi que des paroles (rubrique musique du site de TV5 Monde).

Les critères varient selon le type de support choisi car, si celui-ci offre des possibilités, il impose aussi des contraintes. En effet, pour rester sur l’exemple des clips de chansons, les fiches pédagogiques sont mises en ligne à partir d’une interface de saisie qui n’autorise pas des activités de type "tableau" ou "liste de cases à cocher". Les concepteurs sont ainsi obligés de respecter des impératifs techniques dans l’élaboration de leurs exercices.

Une fois le document choisi, les concepteurs proposent des outils pédagogiques variés (fiche pédagogique, exercices, parcours thématiques) tant pour les enseignants que pour les apprenants. Pouvez-vous nous décrire en quelques lignes ce travail de didactisation selon le type de document mais également selon l’exploitation choisie ?

La démarche de didactisation est particulière à chaque document authentique et à chaque outil pédagogique correspondant. Les concepteurs ne didactisent pas de la même manière un reportage "Mains et Merveilles", un reportage du journal télévisé "7 jours sur la planète" et une émission télévisée. Chacun de ces documents cités est par son contenu différent des autres et par conséquent répond à une démarche unique. Un dispositif pédagogique accompagne ces documents et s’adapte à leurs spécificités pour les exploiter au mieux.

Par exemple, les reportages "Mains et Merveilles" font découvrir des métiers peu connus et spécialisés, ils s’adressent donc à un public averti que sont les apprenants de français à visée professionnelle. Nous développons la fiche pédagogique d’un de ces reportages en distinguant tout d’abord le travail avec le canal visuel et le travail avec le canal sonore. Les premières activités portant sur le visionnage sans le son du début du reportage visent une compréhension globale du document avec en parallèle la formulation d’hypothèses qui seront vérifiées lors de l’écoute du reportage. Cette écoute séquencée du reportage a pour objectif une compréhension plus détaillée du document. Ensuite, les apprenants sont amenés à développer leurs compétences lexicales et leurs compétences d’expressions écrite et orale. La fiche pédagogique se conclut par une ouverture sur le thème du document avec notamment des recherches sur Internet.

Les deux autres documents mentionnés ne correspondent pas à la même démarche de didactisation. Les émissions diffusées sur la chaîne sont déclinées sur plusieurs numéros et modifient leur contenu d’un numéro à l’autre d’où la difficulté de proposer une approche pour un apprentissage de la langue. Les fiches pédagogiques dites génériques s’appuient sur la structure de ces émissions qui forme le noyau dur entre les différents numéros pour développer une exploitation réalisable à partir de n’importe quel numéro de l’émission. Les concepteurs développent donc des activités à partir des séquences de l’émission présentes dans tous les numéros, comme le générique, les interviews sur le plateau ou encore les reportages.

Enfin, le journal télévisé "7 jours sur la planète" constitue un document d’actualité qui est par définition éphémère, ce qui implique des délais très courts de didactisation et une bonne connaissance du contexte des événements liés à l’actualité. L’exploitation d’un reportage issu de ce journal télévisé varie selon le contenu du document. De manière générale, les concepteurs proposent d’abord des activités de compréhension globale puis détaillée ou sélective, ensuite des activités lexicales et enfin des activités d’expressions écrite et/ou orale. Ainsi l’exploitation et la démarche pédagogique dépendent de la nature du document.

Comment s’élabore une unité didactique autour des documents authentiques ?

Encore une fois, les projets sur lesquels nous travaillons sont tous particuliers, c’est pourquoi je m’attacherai à présenter deux exemples significatifs.

Les fiches génériques développées autour des émissions télévisées visent de nombreuses compétences grâce à la richesse du document didactisé et sont directement utilisables en classe. L’enseignant peut s’appuyer sur la fiche pédagogique dans son intégralité ou en partie pour travailler des compétences précises en classe. En effet, ces fiches visent à la fois des objectifs communicatifs à travers des activités sur les différentes compétences écrites et orales, des objectifs linguistiques avec notamment une exploitation du lexique utilisé, et des objectifs culturels et interculturels. Les émissions permettent ainsi d’élaborer des fiches complètes basées sur une démarche pédagogique commune, ce qui fait de ces fiches une véritable ressource pour l’apprentissage de la langue et de la culture françaises.

Les Cités du monde offrent un contenu développé à travers différents médias que sont les documents vidéos, les documents audios, les photos et le texte, contenu accompagné d’exercices en ligne appelés l’aventure pédagogique. Les concepteurs doivent réaliser des activités pour une utilisation en autonomie, c’est pourquoi les exercices proposés portent sur les compétences de compréhension et sur les compétences linguistiques et grammaticales que l’outil informatique peut facilement évaluer. Les exercices développés autour des Cités du monde répondent à un dispositif qui allie réflexions pédagogiques et contraintes techniques. Ces exercices s’adressent à des apprenants en autonomie pour qu’ils travaillent une compétence particulière à partir de documents riches et variés.

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Note :

* Les partenaires de TV5 sont le CAVILAM, l’Alliance française de Bruxelles et la Chambre de commerce et d’industrie de Paris.

Rédaction : Emeline Giguet-Legdhen - Première publication : 09/05/06 - Mise à jour : 09/05/06

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