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Agriscola

Méthode de français langue étrangère sur objectifs spécifiques

Entretien avec Monique Montagne, responsable coopération internationale, formatrice de lettres à l’Ecole nationale de formation agronomique.

Vous avez créé, avec le soutien de l'ambassade de France au Brésil, une méthode de français langue étrangère sur objectifs spécifiques dans le domaine de l’agriculture : Agriscola. Pourquoi avoir créé cette méthode et à qui s'adresse-t-elle ?

Notre école, l'École nationale de formation agronomique, est en charge de la formation, initiale et continue, des enseignants de l'enseignement agricole public. À ce titre, l'une de ses missions est d'apporter un appui et une expertise à des systèmes éducatifs étrangers, dans le cadre de projets internationaux de coopération. Parmi les partenaires les plus anciens, le Brésil se distinguait par un besoin d'apprentissage rapide et ciblé de la langue française, afin de développer des mobilités de formateurs, de chercheurs, d'étudiants.

Or, si le français à objectifs spécifiques s'est bien développé dans des domaines comme le commerce, le droit, la médecine, les sciences même, le domaine agricole n'a pas fait l'objet de la même attention. Devant l'absence de ressource adaptée à nos besoins, nous avons décidé de réaliser notre propre méthode.

Elle est distribuée aux établissements partenaires, universités ou écoles techniques, dans le cadre de leurs projets de coopération. Elle est également accessible en ligne sur le site commun au ministère de l'Éducation brésilien et à l'ambassade de France à Brasilia.

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Comment a-t-elle été élaborée ? Que proposez-vous aux apprenants ?

Cette méthode est née de la réflexion commune avec les collègues brésiliens sur les attentes et les besoins en termes de connaissances, de techniques documentaires. C'est pourquoi nous y avons intégré une partie informative, avec des dossiers sur des sujets professionnels, tels que la qualité alimentaire, ou les races bovines. L'objectif était de faciliter l'accès à l'auto-documentation.

Pour compenser l'absence de l'enseignant dans le cas d'un usage individuel autonome, nous avons multiplié les possibilités d'écoute de textes français. Toutes les pages peuvent être entendues dans les deux langues, et associées à un écrit dans les deux langues également, soit quatre options possibles ; c'est par la répétition et la lecture orale vérifiée par l'audition des textes lus que l'oral est sollicité.

Pour ce qui est de l'écrit, nous n'avons pas innové ; enseignants de FLE, nous avons eu recours aux exercices traditionnels, et variés, avec corrigés accessibles.

Elle est destinée à un double usage : support de cours pour un enseignant de FLE dans sa classe, ou outil d'autoformation pour un apprenant isolé.

Cette méthode est en libre accès sur le site de l'ambassade de France au Brésil. Existe-t-elle sous une autre version et est-elle déclinée dans d'autres langues et adaptée pour d'autres spécialités ?

Elle est en voie de traduction en ukrainien, pour soutenir un projet de renforcement des formations de français dans les universités agraires ukrainiennes, à la demande de l'ambassade de France. La traduction anglaise est en cours à la demande du bureau de coopération de la direction de l'enseignement et de la recherche au ministère de l'Agriculture, pour faciliter la mobilité en France des apprenants anglophones. Enfin, la version espagnole est en cours de réalisation, principalement pour l'Amérique latine.

Nous n'envisageons pas de nous consacrer à d'autres spécialités. Notre seule ambition est d'adapter les contenus documentaires à différents domaines en fonction des pays destinataires, et de procéder à des mises à jour.

Avez-vous un retour des enseignants et des apprenants ?

Nous avons peu de retour, n'ayant pas eu de démarche commerciale. Nous savons par nos contacts que la méthode est utilisée, et qu'elle semble donner satisfaction. Le caractère individuel de la formation des chercheurs ou des étudiants empêche d'avoir des statistiques, mais le site brésilien est très visité.

Dans certains pays, où les méthodes d'apprentissage du français sont quelque peu obsolètes, la méthode attire beaucoup les collègues parce qu'elle simplifie les contenus linguistiques auxquels ils aspiraient, et parce que son caractère professionnalisant motive davantage les élèves ou les étudiants ; on a un peu tendance dans certains systèmes à opposer l'anglais, langue professionnelle, au français, langue de culture. La méthode s'inscrit en faux contre ce jugement : le français y est voulu langue de culture et de communication à visée professionnelle.

Selon vous, l'offre en formation et ressources proposée dans le domaine du français langue professionnelle est-elle suffisante ?

Il est évident que l'offre est très insuffisante. Ainsi, même une méthode comme Agriscola ne peut répondre à tous les besoins de ce secteur ; il faut former les formateurs à son utilisation. C'est pourquoi, tout en ne commercialisant pas la méthode, nous préconisons une session de formation à son usage, pour dessiner des parcours d'apprentissage à partir de ce support. Dans d'autres domaines, ce sera la même situation je suppose.

Une solution, que nous avons mise en œuvre sur l'Ukraine, est la création d'une plate-forme de mutualisation d'expérience et de ressources, qui met en relation des enseignants de français ukrainiens et des enseignants français de spécialités techniques. Ces derniers fournissent des documents réels et actualisés, que les enseignants ukrainiens, formés à cet effet, didactisent et transforment en supports de cours. Le système fonctionne bien, et la coopération entre les enseignants et les étudiants des deux pays s'amorce de manière satisfaisante.

Sans doute les contacts directs entre professionnels et apprenants sont-ils un bon vecteur de diffusion de la langue. C'est également le cas des stages professionnels, s'ils sont dotés de volets linguistiques.

Rédaction : Emeline Giguet-Legdhen - Première publication : 07/03/08 - Mise à jour : 07/03/08

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