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Groupes de tutorat

Des étudiants en symbiose

Enseignant en licence de sciences du langage mention français langue étrangère ainsi qu’au Centre de formation phonétique, Florentina Fredet a eu l’idée d’organiser une rencontre entre ses étudiants français et étrangers pour qu’ils constituent des groupes de tutorat.

Une ou plusieurs fois par semaine, les participants se retrouvent en dehors des cours pour des séances de travail autour de la langue française. Si l’expression orale est au cœur des activités, il arrive que les étudiants travaillent aussi sur les compétences écrites et se penchent sur des questions de civilisation. Tout dépend des besoins exprimés par les apprenants étrangers et des idées de leurs professeurs en herbe ! L’expérience a commencé en mars 2008 et finira en mai, ce qui permet aux uns et aux autres d’apprendre à se connaître, de prendre ses marques et d’ajuster le travail effectué pendant les séances pour une plus grande efficacité.

Jeudi, 17h30, dans la vaste salle de cours du rez-de-chaussée de l’ILPGA, le cours est terminé mais les étudiants de licence ont repris le travail… et changé de rôle ! À eux désormais incombe la responsabilité d’enseigner.

Tutorat 1

Shiho, Maria et Sylvie : une association internationale

Tutorat 2

Pendant les séances de tutorat, bavarder en classe est fortement recommandé, aussi les paires tuteurs / apprenants se sont-elles installées à distance les unes des autres. Un groupe se démarque des binômes dans la salle. Shiho, Japonaise en France depuis un an, est accompagnée par Maria et Sylvie. Si toutes deux apprennent la didactique du français langue étrangère, cette langue n’est maternelle que pour Sylvie, qui se reconvertit et se destine à l’enseignement après une longue expérience professionnelle dans le secteur pharmaceutique. Maria est Polonaise et complète la formation initiale reçue en Pologne. Dans le cadre de ces séances, ces tutrices apportent des regards différents et complémentaires : en tant que francophone non native, Maria connaît et peut mieux comprendre les difficultés rencontrées par Shiho tandis que Sylvie apporte sa compétence linguistique de locutrice native. Le français qu’elles parlent n’est pas tout à fait le même non plus : posé et assez normé pour la première, rapide et plus "typique" pour la seconde.

La séance de ce jour a commencé par un jeu autour du vocabulaire courant de l’étudiant. Maria et Sylvie sortent un certain nombre d’objets de leurs sacs : à l’apprenante d’annoncer le nom de ces choses et de le prononcer correctement. Le premier temps de l’activité est donc consacré à un travail de révision et d’apprentissage du lexique ainsi qu’à une correction phonétique. Les tutrices cachent ensuite ces objets afin que Shiho les renomme un par un, en particulier ceux dont elle vient d’apprendre le nom ou la prononciation correcte du nom. Elle note ces derniers dans son cahier afin de compléter l’exercice oral par une trace écrite. La séance se poursuit par la correction d’exercices grammaticaux et la lecture d’un texte, où Shiho doit repérer les verbes au passé composé et à l’imparfait, en prolongement et renforcement d’une séance passée.

Ce programme est à la libre initiative des participantes : Shiho a fait part de ses besoins (par exemple une évaluation de ses compétences en français) et Maria et Sylvie ont recherché des activités pertinentes à faire faire à l’apprenante. Toutes trois se disent contentes de cette association, grâce à la motivation des unes et des autres, aux bénéfices linguistiques pour Shiho et professionnels pour Maria et Sylvie, qui découvrent à travers cette première approche de l’enseignement que la compétence du professeur ne se situe pas tant dans la somme de ses connaissances que dans son habileté à les faire passer !

Léa et Elodie, Inbea et Ophélie : de l’oral avant toute chose

Originaire de Hong Kong, Léa souhaite surtout travailler sa compétence de communication orale : Elodie lui a donc préparé des activités basées sur des phrases du français quotidien, ainsi qu’un travail phonétique sur la langue parlée et quelques expressions imagées à connaître. Cette personnalisation est aux yeux de Léa la grande richesse de ces séances, durant lesquelles elle peut poser toutes les questions qui lui viennent et travailler sur ses propres besoins. Pour Elodie, cette expérience donne un avant-goût de l’enseignement avant de devenir professeur.

Inbea, Coréenne, a peu l’occasion de parler français dans sa vie personnelle. Ces séances de tutorat lui permettent donc de pratiquer. Ses demandes sont prises en charge par Ophélie, qui ce jour-là fait travailler l’apprenante sur les pronoms relatifs. Pour cette future enseignante en Angleterre, l’expérience est bénéfique même si elle rencontre parfois des difficultés face aux questions soulevées par Inbea : la connaissance "pragmatique" de la langue des natifs ne permet pas toujours d’expliquer certains phénomènes autrement que par "C’est comme ça !".

Lundi midi, dans le laboratoire de langues de l’ILPGA, d’autres groupes se rencontrent.

Mikako et Imane : témoignage vidéo


Yukako, Lucille et… Alain Delon

Tutorat 3

La Japonaise Mikako doit préparer un exposé sur Alain Delon. Cet exercice courant en France est plutôt rare au Japon. Les deux partenaires consacrent donc un long moment à la méthodologie de la préparation et de la réalisation d’un exposé. Lucille présente ensuite l’acteur tel qu’il est perçu en France, ce à quoi répond l’apprenante par la vision qu’ont les Japonais de Delon. Force est de constater que ces deux portraits ne coïncident pas tout à fait ! Mikako a trouvé l’angle de son exposé.

Un argumentaire pour le tutorat

Tutorat 3

Outre le plaisir et l’intérêt de rencontrer des personnes de cultures étrangères à la sienne, le système du tutorat, qui est assez facile à mettre en place et en particulier dans les universités fréquentées par des étudiants étrangers, a les bénéfices suivants :

Pour les apprenants :

  • être très actif, par rapport aux cours en classe
  • recevoir un enseignement sur mesure, adapté à ses propres besoins
  • pouvoir poser toutes les questions qui viennent, et pas seulement sur la langue
  • parler avec un locuteur natif
  • faire des erreurs et être corrigé
  • faire de la méthodologie (ex : apprendre à faire un exposé)

Pour les tuteurs :

  • "tester" la profession et recevoir une confirmation ou infirmation de sa vocation initiale
  • s'entraîner à enseigner
  • commencer à constituer ses supports de cours
  • découvrir les aléas de l’enseignement (programmes de séance non tenus, questions insolubles…)

Merci à Shiho, Maria, Sylvie, Mikako, Imane, Léa, Elodie, Inbea, Ophélie, Kiri, Audrey, Ana Maria, Shuya, Audrey, Yukako et Lucille.

Rédaction : Elodie Ressouches
Première publication : 07/04/08 - Mise à jour : 07/04/08

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