ressources


Accueil > Sommaire des dossiers > S'approprier les médias

S'approprier les médiasMédias : avantages et inconvénients

Un journaliste indépendant et deux enseignants reviennent sur quelques-unes des caractéristiques des médias relevées par Louis Porcher dans son ouvrage sur l'enseignement des langues étrangères.

Aubin Fonkou

Journaliste indépendant et correspondant de médias camerounais

Les médias détiennent quasiment le monopole de la communication dans notre société moderne. C’est une réalité. Presse écrite, magazine, télévision, radio, internet, constituant le "système médiatique", sont donc les principaux moyens d’informations pour tout le monde. Comme Louis Porcher, on peut trouver des avantages et des inconvénients à cette situation, à ce système.

Parmi les principaux points qu’il relève dans sa typologie, nous nous intéresserons à deux d’entre eux :

Les médias s’adressent à tous les publics

Par leur diversité, les médias s’adressent à tous les publics. On peut l’observer notamment en presse écrite et à la télévision. Des journaux et des chaînes thématiques existent, à côté ou en support des généralistes. Le but pour ces suppléments, c’est d’arriver à mobiliser, voire intéresser des publics qui ne suivent pas forcément l’actualité globale et générale déclinée par les autres médias. Ainsi, la presse ou la télévision pour enfants par exemple, s’attachera à fournir aux plus petits des informations avec des mots et images qu’ils puissent comprendre.

Aujourd’hui, l’espace médiatique français compte au moins un titre par discipline majeure. Chaque domaine d’activité, chaque spécialité peut se targuer d’avoir Le ou Les médias compétents dans ce secteur. Les 4 000 titres qu’on retrouve dans les kiosques et la centaine de chaînes de télévision disponibles ratissent si large que tous les publics doivent avoir accès à l’information. Le "système médiatique" dont nous parlions au début s’adresse donc à tous les publics.

Lorsqu’un journaliste rédige sa copie (pour quelque média que ce soit) il a conscience qu’il va être lu (ou vu ou écouté) par un grand nombre de personnes. C’est un privilège. Toutefois, un privilège qui a ses exigences. Comme par exemple celle d’utiliser une langue correcte.

Ils n’utilisent pas toujours une langue correcte

Comme tout corps de métier, l’univers médiatique a ses codes de langage. Parmi ceux-ci, la langue parlée dans les différents organes médiatiques. Si la presse écrite conserve encore un peu de "pureté" de la langue, les autres médias en revanche s’inclinent tous les jours un peu plus vers un langage atypique, pour ne pas dire "impure". Par exemple, un langage introduisant une multitude de néologismes et de mots anglais dans un texte en français, d’expressions de raccourci à travers notamment les figures métaplasmiques (troncation, apocope, diérèse, verlan...). Sans oublier l’utilisation des expressions répétitives et parfois sans nouveauté de sens. Il est aussi parfois impossible, pour qui n’a pas les codes d’un sujet (la Bourse, l’Art, le Sport), de suivre un reportage à la télévision et à la radio. Pour leur défense, ces médias avancent souvent l’argument du manque de temps qui les pousse à être concis et précis. S’ils sont concis, la précision linguistique en revanche est souvent absente.

D’autre part, et on ne le souligne pas assez, le journaliste adapte son style à l’auditoire ou au lectorat qu’il vise. Selon qu’il écrive pour un journal spécialisé ou un magazine généraliste, il n’use pas souvent des mêmes expressions, des mêmes "codes". Personnellement, quand je fais la correspondance pour mon journal basé au Cameroun (La Nouvelle Expression), je choisis souvent "d’affaiblir" ou de "contextualiser" ma langue afin de ne pas être en décalage avec les lecteurs de ce journal. Alors que mon expression est différente quand je fais un texte pour le magazine spécialisé Francophonie du sud, basé à Paris. La même démarche se produit quand je suis sur mon blog ; un article pour la rubrique "Actualité française", sera écrit différemment qu’un autre pour la rubrique "Actualité camerounaise".

Si on les prend dans leur globalité, les avantages et inconvénients répertoriés par Louis Porcher sont à peu près exhaustifs. Mais en les prenant de manière individuelle, on pourrait en recenser d’autres.

Tous les médias aujourd’hui ont un espace interactif avec leur site internet et/ou un forum d’appoint. Avec la place de plus en plus grande de l’internet, les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs peuvent donc participer à tous les débats quand ils veulent. C’est l’intérêt de la blogosphère. Les gens ne cherchent plus seulement des informations, mais des lieux de discussions, de rencontres, de partage… Mais, bien entendu, l’internet présente aussi le désavantage de drainer un flot d’informations invérifiées, fausses et pas crédibles ou encore des "spam". Sans oublier que son accès, pour certaines couches de la population, reste encore un luxe. Le haut débit n’étant pas disponible partout.

D’autres "médias" que nous n’avons pas soulignés dans notre typologie (cinéma, affiches et annonces lumineuses, par exemple) présentent d’autres types d’avantages et d’inconvénients, comme ceux d’êtres figés et concentrés sur un seul événement (film, produit commercial).

Emma Pagès

Enseignante de français à l’Institut d'Ensenyament Secundari (Lycée d'enseignement secondaire) de Cassà de la Selva en Catalogne (Espagne)

Les médias intègrent langue et culture

L’utilisation des médias permet de sortir virtuellement de la classe, de dépasser les limites de l’école, d’avoir accès à d’autres réalités (régions, pays, continents…) qui ne sont souvent disponibles que par le biais des médias et, dans bien des cas, d’actualiser le contenu des programmes scolaires.

Avantages

L’utilisation des médias en cours de FLE aide les élèves à développer leur sens critique, à interpréter, à analyser et à comparer les différentes sources d’information. C’est motivant pour eux d’utiliser des documents audiovisuels authentiques, de parler de l’actualité, d’intégrer le savoir scolaire et le savoir "du quotidien".

Inconvénients

Au niveau de l’utilisation de ces médias dans l’enseignement, intégrer des documents de la presse de façon quotidienne dans les cours de langue implique que l’on soit constamment en train de chercher, de classer des documents et d’élaborer ou d’adapter des fiches pédagogiques. Si en plus ces documents sont audiovisuels, il est nécessaire d’être au courant des programmes prévus afin de les enregistrer, et de vérifier que les documents soient bien enregistrés et qu’ils correspondent à ce qu’on attendait. Cela n’est pas si simple !

Carlos Cuevas

Enseignant de français à l’Ecole Polimodal 14 de Pico Truncado, et à l'Alliance française Caleta Olivia de Santa Cruz (Argentine)

Les médias s'adressent à tous les publics

Chez les apprenants, quel que soit leur âge, travailler avec la télévision nous permet d’introduire dans nos salles de classe un document authentique, actuel et avec lequel on peut travailler la phonétique et l’expression. Et l’objectif de la tâche proposée bien entendu.

Ils sont attractifs

Les médias sont motivants et attractifs en même temps. Une consigne précise et claire avant de démarrer l’image donne aux apprenants la possibilité de se réorganiser en petits groupes et de savoir partager et choisir la tâche dans le groupe afin de bien travailler dans l’activité proposée.

Les inconvénients

Une séquence assez longue distrait l’attention de l’apprenant, c’est la raison pour laquelle je travaille toujours avec des séquences courtes, et je fais de mon mieux pour que l’image choisie soit claire, attrayante et invite à effectuer la tâche.

© Franc-parler.org : un site de
l'Organisation internationale de la Francophonie