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Une institution au service
de la promotion de la langue française

Entretien avec M. Soungalo Ouédraogo, directeur de la Direction de l'éducation et de la formation à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

M. Soungalo Ouédraogo

L’OIF s'est dotée à l'occasion du Xe Sommet de la Francophonie de 2004 d'une feuille de route fixant, pour une période de dix ans, les axes stratégiques de son intervention et les domaines prioritaires de son action multilatérale. L'une de ses actions est de "promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique".

Quelles sont les actions concrètes menées par l’OIF et plus particulièrement par votre Direction de l’éducation et de la formation pour aider les enseignants de français dans leur travail au quotidien ?

La langue française, qui est une langue de communication internationale, constitue le socle de la francophonie. La Direction de l’éducation et de la formation s’occupe de la promotion de cette langue à travers les systèmes d’éducation et de formation et plus particulièrement de la formation des professeurs de français.

Pour mener à bien notre travail, nous nous appuyons sur le vaste réseau de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) qui est l’un de nos partenaires privilégiés. L’une de nos actions concerne donc l’appui à la réalisation des activités de la FIPF (Congrès, publications…). Nous souhaitons d’ailleurs renforcer ce partenariat au cours du prochain congrès mondial de la FIPF avec la signature d’un accord-cadre de partenariat entre l’OIF et la FIPF, afin de concrétiser tout l’intérêt que nous accordons à la promotion de la langue française dans le monde.

L’OIF soutient également la création de ressources pédagogiques pour les enseignants comme le site Francparler.org, réalisé conjointement par la FIPF et le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) ou l’"Espace Apprendre" de Canal académie, la première radio académique francophone sur internet.

Concernant la formation des professeurs, il convient de rappeler les actions des trois Centres régionaux francophones (CREF) pour la formation des formateurs et pour la formation en français sur objectifs spécifiques (FOS) basés respectivement à Ho Chiminh-ville pour l’Asie-Pacifique (CREFAP), à Sofia pour l'Europe centrale et orientale (CREFECO) et CREFOI à Madagascar pour l'Océan Indien. Ce dernier réouvrira ses portes très prochainement.

Sur le continent africain, l’Organisation internationale de la Francophonie, en partenariat avec le ministère français des Affaires étrangères et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), appuie les actions du Réseau de centres de français langue étrangères d’Afrique (RECFLEA), né en 2006, et regroupant quatre centres de langues au Bénin, au Togo, au Nigéria et au Ghana.

Le premier colloque international de ce réseau s’est tenu au mois de mai dernier à Lomé, Togo, et a rassemblé plus de 200 participants, ce qui témoigne d’un engouement pour le français dans ces régions. Ainsi, le Botswana a manifesté publiquement son intérêt pour l’adhésion au réseau. Un site interactif, www.recflea.net, dédié à ce réseau a été créé et fonctionne bien.

Enfin, le projet régional de Valorisation du français en Asie du Sud-Est (Valofrase), soutenu par l’OIF et d’autres partenaires, a pour ambition de constituer un pôle de compétence pour la consolidation et la valorisation des dispositifs d’apprentissage et d’enseignement du français dans les trois pays du Sud-Est asiatique, à savoir le Cambodge, le Laos et le Vietnam.

Quelle est, selon vous, la meilleure façon de promouvoir l'apprentissage du français dans le monde actuellement ? Quels types d’arguments soumettriez-vous en faveur de l’enseignement et l’apprentissage de cette langue aux enseignants ainsi qu’aux apprenants ?

Suite à l’adoption de la convention sur la promotion de la diversité des expressions culturelles et linguistiques, l’OIF se positionne en faveur du plurilinguisme et de l’enseignement du français en contexte multilingue.

Langue humaniste par excellence, le français est également langue de grande communication car elle est utile et fédératrice, notamment sur le continent africain où elle apparaît bien souvent comme langue véhiculaire dans un contexte multilingue. Elle est donc indispensable.

De plus, apprendre le français est aujourd’hui une condition nécessaire pour s’ouvrir au reste du monde et répondre aux demandes professionnelles. L'apprentissage d'un français professionnel et sur objectifs spécifiques, comme le français de spécialité ou du tourisme, est donc valorisant dans le monde économique actuel.

J’ai moi-même étudié cette langue puis suivi mes études en français dans mon pays, au Burkina Faso, et cela m’a été et m’est encore d’une grande utilité dans mon travail !

L’OIF organise, à l’initiative du gouvernement tunisien et en collaboration conjointement avec l’Agence universitaire de la Francophonie, un symposium* autour du thème "Les TIC au service de l’éducation" qui réunira les 26 et 27 juin 2008 à Tunis environ 200 experts et spécialistes du secteur des nouvelles technologies de l’information et de celui de l’éducation, ainsi que des ministres de divers pays francophones.

Quels sont, selon vous, les enjeux des TIC aujourd’hui pour l’éducation et notamment pour l’apprentissage du français ? Et comment l’OIF contribue-t-elle à aider les enseignants et établissements scolaires tant au niveau de la formation aux TICE que de l’accès aux ressources pédagogiques numériques ?

L’OIF salue et appuie cette initiative puisque le dernier Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Bucarest en septembre 2006 a eu pour thème essentiel les technologies de l’information et de la communication dans l’éducation. C’est dire tout l’intérêt et l’enjeu des TICE pour la Francophonie.

Le premier enjeu est, à mon avis, la mise en place d’une réelle politique en faveur des TICE et ce symposium donnera la parole aux responsables éducatifs et ministres de l’Éducation afin de recueillir les expériences et les difficultés rencontrées sur le terrain. Il serait par ailleurs intéressant, dans un second temps, de réaliser un état des lieux des bonnes pratiques et des expériences à mutualiser en définissant une stratégie francophone pour les prochaines années. Enfin, le grand défi mondial à venir sera de réduire la fracture numérique, notamment dans les pays du Sud.

L’OIF contribue déjà à la mutualisation des ressources sur les sites qu’elle soutient, notamment les sites Francparler.org et Canal Académie dont j’ai parlé plus haut, et joue, à ce titre, le rôle de facilitateur d’échanges entre les différents acteurs (enseignants et établissements francophones) en faveur de la bonne pratique en matière d’utilisation des TICE.

Nous souhaitons également développer une "coopération Sud-Sud" qui se concrétise aujourd’hui avec ce symposium organisé en Tunisie où seront réunis de nombreux participants, ministres et décideurs politiques, experts gouvernementaux, universitaires et chercheurs, représentants d’organisations internationales et régionales.

Notons, par ailleurs, le travail important mené en ce sens par l’Institut de la Francophonie numérique (IFN), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie, qui contribue à l’insertion des pays membres de la Francophonie dans la société de l’information et accompagne les partenaires locaux dans une véritable dynamique de coopération Sud/Sud en faisant appel aux compétences locales.

L’OIF est donc résolument tournée vers l’avenir et les TICE !

Enfin, vous serez présent lors du prochain Congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français, "Faire vivre les identités francophones", organisé du 21 au 25 juillet à Québec.

Qu’attendez-vous de cette rencontre ? Et quelles problématiques vous intéresseront plus particulièrement ?

Comme je l’ai dit précédemment, la FIPF constitue pour nous un partenaire privilégié et nous avons appuyé ce congrès dont le thème est au cœur même des préoccupations de l’OIF. Pendant ce congrès, la Direction de l’éducation et de la formation organisera une table ronde intitulée, "L’enseignement du français en contexte multilingue", au cours de laquelle les trois zones – Afrique, monde arabe et zone créolophone – seront représentées. Ainsi, cette rencontre permettra de proposer des outils pour les enseignants axés sur la didactique du français en contexte multilingue et susciter un débat entre les participants.

Nous souhaitons également, par notre présence au congrès, montrer notre vif intérêt pour la FIPF et ses membres, véritables acteurs et militants de la langue française qui permettent de promouvoir cette langue, au quotidien, au sein des systèmes éducatifs et de formation dans le monde entier.

J’assisterai pour la première fois à un congrès mondial de la FIPF et je suis donc impatient de rencontrer tous ces enseignants, d’échanger et de prendre note des actions et projets menés sur le terrain mais également de leurs difficultés et préoccupations.

A bientôt à Québec !

Note :

* Depuis la rencontre avec M. Ouédraogo le symposium sur les TIC a eu lieu. Lire la déclaration du symposium.

Propos recueillis par Emeline Giguet-Legdhen
Première publication : 08/07/08 - Mise à jour : 08/07/08

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