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L'école de la francophonie culturelle

Tribune libre de Daniel Maximin

L'ouvrage de Daniel Maximin, Les fruits du cyclone : une géopoétique de la Caraïbe, vient d’être publié au Seuil.

À l’école, les arts et la culture sont le meilleur exemple de la fructueuse confrontation entre soi et autrui, qui est à la source de toute identité épanouie et assumée. Ils sont le lieu de la rencontre avec les oeuvres accomplies autant qu’avec le cheminement de l’artiste sur les sentiers de sa création. Le chef-d’oeuvre ou l’esquisse, le brouillon ou la variation, tout ce qui permet à chacun, à l’artiste puis à l’élève, d’aller loin en soi-même pour trouver du nouveau au fond de l’inconnu, par l’entremise féconde d’un regard étranger sur son for intérieur.

On sait qu’un des buts premiers de l’école est de donner aux élèves la maîtrise de la langue française, patrimoine national offert à tous ceux qui la prennent, héritiers ou nouveaux venus, et l’apprennent pour leur compte, maternelle ou seconde, comme héritage de l’identité collective et instrument d’intégration de l’avenir. Il doit être en même temps de leur donner conscience de la dimension internationale très ancienne de cette langue, héritée d’une histoire dont l’unité s’est forgée dans la violence autant que par fraternité, et de l’ouverture historique et culturelle qu’elle symbolise et accomplit comme langue première -mais non unique- d’expression des littératures francophones.

Aussi, il importe que la langue nationale soit reconnue comme internationale et cousine des autres langues du monde francophone des Amériques, d’Afrique, d’Asie, de l’Océan indien du Pacifique, de l’Europe, particulièrement en littérature, au cinéma et dans l’audiovisuel.

La langue n’appartient pas qu’à ceux qui l’ont véhiculée ou imposée, mais culturellement, elle appartient à ceux qui se la sont appropriée comme "arme miraculeuse" de leur recréation et de leurs créations. Les langues appartiennent à ceux qui les travaillent, dans le cheminement entre les murs et les issues qui balisent les chemins d’identité.

C’est pourquoi la dimension francophone de la langue et de la culture doit être reconnue, autant dans les apprentissages fondamentaux du lire et de l’écrire et du parler que dans les pratiques et les expressions artistiques qui les illustrent. La Francophonie culturelle constitue un patrimoine culturel déjà ancien qui doit avoir toute sa place dans l’Éducation nationale, car elle est porteuse d’esthétiques et de savoirs neufs et d’une éthique de la liberté.

Par exemple, dans le domaine de l'éducation nationale, les priorités affichées de lutte contre l'illettrisme, de maîtrise de la langue française, de promotion d’une identité citoyenne ouverte aux composantes culturelles de l’Europe et du monde contemporain, ne peuvent qu'être confortées et mieux établies si elles s'appuient aussi : sur une conscience et une pratique de la dimension culturelle internationale qu' a toujours eue dans l'histoire la langue nationale ; et enfin sur l’exemplarité des métissages artistiques et culturels qui soudent les singularités et les solidarités à développer tant dans le monde francophone que dans l’Hexagone même.

Rédaction : Emeline Giguet-Legdhen - Première publication : 10/03/06 - Mise à jour : 10/03/06

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