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Le français sur objectifs spécifiques à la CCIP

Entretien avec Guilhène Maratier-Declety

Guilhène Maratier-Declety est directeur des relations internationales de l'enseignement à la direction des relations internationales de l'enseignement de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP).

Quelles missions assure la direction des relations internationales de l'enseignement de la CCIP, notamment en matière de promotion de la langue française à visée professionnelle ?

Au-delà de ses missions de gestion à l’étranger de programmes éducatifs, de recrutement des étudiants étrangers, et d’appui au développement international de ses propres établissements d’enseignement, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris participe à la promotion de la langue française des affaires dans le monde depuis plus d’une cinquantaine d’années. Soucieuse en effet de satisfaire les besoins des entreprises francophones, elle a cherché à répondre à leurs exigences dans le domaine de la communication professionnelle en langue française et a élaboré à cet effet des examens de français des affaires et des professions actuellement passés par environ 8 000 candidats chaque année dans une centaine de pays. Elle offre à ce jour une gamme de huit examens qui constituent des certifications internationalement reconnues.

Le certificat de français professionnel s’adresse à tous ceux qui veulent avoir une première approche de la langue française dans un contexte professionnel, et constitue une porte d’entrée vers deux filières : le français des affaires et le français des professions. Les trois examens de français des affaires, le diplôme de français des affaires, premier degré (DFA1), le diplôme de français des affaires, deuxième degré (DFA2), le diplôme approfondi de français des affaires (DAFA) couvrent les savoir-faire généraux communs à toute forme de communication professionnelle, et se situent à trois niveaux de compétence avec des degrés de complexité progressive.

Les quatre examens de français des professions ont été spécialement conçus pour évaluer l’aptitude des candidats à communiquer dans un contexte professionnel spécifique : le droit, le tourisme et l’hôtellerie, le secrétariat, les sciences et les techniques.

En 1998, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris a lancé le test d’évaluation de français (TEF), qui est le premier test de français langue étrangère diffusé sur le marché des langues dans le monde. Il a été conçu pour répondre à deux demandes initiales :

  • celle des écoles de commerce de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris qui, chaque année, accueillent de 30 à 35 % d’étudiants étrangers ;
  • celle d’établissements d’enseignement à l’étranger dispensant des cours de français ou en français à un public non francophone et qui, jusqu’alors, étaient obligés de concevoir leurs propres modes de sélection en langue française.

Aujourd'hui, le TEF est un outil de référence incontournable d’organismes gouvernementaux, et est utilisé par plus de 20 000 candidats dans le monde chaque année. Depuis mars 2004, le TEF est officiellement reconnu par le ministère français de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ainsi, tout étudiant non-français peut désormais se soumettre aux épreuves du TEF en vue d’instruire son dossier d’inscription en premier cycle universitaire en France. Le TEF est également demandé par les universités françaises pour l’accès des étudiants étrangers en deuxième et troisième cycles*.

Quelle place occupe, à votre avis, l’enseignement du français sur objectifs spécifiques dans le champ de la didactique du français langue étrangère ?

Le français sur objectifs spécifiques occupe un champ assez peu développé dans la didactique du FLE si l’on observe l’offre de formation en français des différents centres de langues, alors que nous constatons depuis quelques années une progression significative de la demande d’un français plus "utilitaire" et ciblé sur les relations professionnelles.

Comment s’élabore concrètement un programme de formation de FOS (étapes, contenus, activités) ?

Deux facteurs sont déterminants dans la démarche d’élaboration de ce type de programme : la nécessité de sélectionner des contenus prioritaires et la connaissance d’un milieu professionnel particulier qui permet de repérer les usages de la langue à faire acquérir. Cinq étapes sont nécessaires avant l’ouverture du cours proprement dit :

  • l’étude de la demande dont la précision permettra d’orienter le travail de conception ;
  • l’analyse des besoins du groupe d’apprenants qui consiste à repérer toutes les situations de communication requérant le français et auxquelles les apprenants seront confrontés à l’issue de la formation ;
  • le recueil de documents authentiques (écrits et oraux) de leur milieu professionnel qu’ils auront à comprendre ou/et à produire ;
  • l’étude des outils linguistiques (lexique, grammaire) dont ils auront besoin ;
  • l’élaboration d’activités pédagogiques intégrant l’ensemble des données mises en évidence dans les étapes précédentes.

À quels niveaux peut-on envisager des programmes de FOS ? Est-il possible, selon vous, de prévoir des formations en FOS pour des débutants ?

Il nous paraît réellement difficile d’aborder le FOS avec des débutants. Nous pensons qu’une formation est plus efficace à partir d’un certain niveau de langue. Notre premier diplôme, le certificat de français professionnel, véritable "portail d’entrée" vers les diplômes de français des affaires ou des professions, correspond au niveau B1, soit un niveau seuil, du Cadre européen commun de référence (CECR) du Conseil de l’Europe.

Comment se construisent les activités de classe et quels outils pédagogiques mettez-vous à disposition des enseignants désireux de s’initier ou de se perfectionner à l’enseignement du FOS, et plus particulièrement au français des affaires ?

Les activités pédagogiques ne relèvent pas d’une méthodologie très différente de celle d’un programme de FLE "généraliste". Elles illustrent la démarche communicative et fonctionnelle en ciblant les quatre compétences de communication. Elles se construisent à l’issue de la démarche décrite précédemment, à partir d’une analyse des besoins. Leur particularité est qu’elles prennent appui sur des documents issus du monde professionnel et qu’elles requièrent parfois des connaissances d’un domaine spécialisé que ne maîtrise pas ou pas complètement l’enseignant.

Melopee

Afin d’aider les enseignants à concevoir leur programme de FOS, la CCIP met à leur disposition gratuitement le centre de ressources pédagogiques en ligne, Mélopée, sur son site, qui leur permet d’accéder à des fiches "notions" pour se familiariser avec les domaines de spécialité (commerce, économie…), des fiches pédagogiques, des jeux témoins d’épreuves…

De même, la CCIP édite trois numéros par an de la revue Points communs, revue du français à visée professionnelle que nous avons réactualisée et qui comporte une partie consacrée à la recherche en didactique du FOS et un dossier pédagogique détachable réunissant une série d’activités pédagogiques sur un domaine particulier. Des pages thématiques consacrées à l’actualité d’un domaine (économie, droit…) et des informations sur les dernières publications ou colloques complètent les apports de la revue aux enseignants qui doivent concevoir un cours de FOS.

Quelles compétences attendre de l’enseignant de FOS ? Une formation dans la spécialité est-elle nécessaire ?

L’enseignant de FOS est avant tout un enseignant de langue et à ce titre des formations professionnalisantes du type maîtrise et DESS FLE (maintenant Master 1 et 2) sont très utiles. Mais l’enseignant, sans être un spécialiste, doit surtout faire preuve d’une grande curiosité et d’un intérêt pour les contenus spécialisés afin de se constituer la documentation et les connaissances de base pour appréhender les supports authentiques et les intégrer à ses activités pédagogiques.

Il faut souligner que la CCIP organise de nombreux stages de formation, en particulier durant l’université d’été qui se tiendra cette année du 4 au 22 juillet. Ces formations présentent aux enseignants tous les outils et connaissances méthodologiques nécessaires à la conception et à la conduite d’un cours de FOS : création d’outils pédagogiques, construction de cours à la carte, langue de spécialité, simulation globale et études de cas, évaluation…

Contact :

Guilhène Maratier-Declety
Directeur des relations internationales de l'enseignement
Direction des relations internationales de l'enseignement (DRI/E)
Courriel : gmaratier-declety@ccip.fr

Lien :
Note :

* Depuis décembre 2004, le TEF est le seul test de langue française désigné par Citoyenneté et Immigration Canada (CIC), organisme du Gouvernement fédéral canadien, pour attester du niveau en langue française des candidats à l’émigration vers ce pays. Le TEF est également en voie d’officialisation en Chine comme outil d’évaluation académique en langue française pour tous les étudiants qui souhaitent s’inscrire dans une université française.

Rédaction : Emeline Giguet-Legdhen - Première publication : 2005 - Mise à jour : 31/01/06

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