Frédérique Genot occupe à Radio France internationale (RFI) un poste important quand on aborde les questions de langue, celui de "secrétaire de rédaction". Elle a également été présentatrice et reporteur.
Les journalistes de RFI doivent parler un français peut-être moins amusant que dans d’autres radios. Mais nous partons du principe que nous sommes écoutés par des auditeurs très variés. Le fait qu’ils habitent loin de la France implique également qu’ils n’utilisent pas les expressions à la mode.
Nous insistons donc beaucoup pour que les mots choisis soient courants, pour que la prononciation soit francisée et simple (tant que possible). Les allusions à des films ou des titres de chanson risquant de tomber à plat doivent être évitées. Tout comme certaines expressions qui risquent d’être mal comprises ("coupes claires" / "coupes sombres", qui veulent maintenant dire la même chose* ; "tirer les marrons du feu", souvent confondu avec "tirer son épingle du jeu").
Bon nombre de conseils figurent dans le "Livre d’antenne" rédigé il y a près de cinq ans. Les acronymes doivent être explicités, par exemple.
Chaque journaliste ou animateur de RFI a son style. Il est évident que dans certains magazines, le ton est libre. Mais de façon générale, il y a dans tous les programmes, comme dans tous les journaux d’information, une volonté commune de parler à tout le monde, avec un ton convivial, mais aussi un souci de clarté et de pédagogie. Personne n’utilise le parler "jeunes" de certaines radios.
Les rares malentendus ou difficultés de compréhension qui me viennent à l’esprit, sont les métaphores ou les questions parfois posées à certains invités qui ne sont pas de langue maternelle française et qui peuvent ne pas saisir le sens d’expressions toutes faites.
Dans ses chroniques, Yvan Amar explique de son côté le sens ou l’origine d’une expression ou d’un mot qu’un auditeur n’a pas compris. Cela peut être "jeter le bébé avec l’eau du bain" tout comme "un plan social" ou une "délocalisation". Yvan Amar est, de ce point de vue, l’une des personnes qui est la plus à même de dire ce que les auditeurs ne comprennent pas toujours.
Dans le "Journal en français facile", les efforts ne se concentrent pas sur la langue. Lorsqu’il est bien fait, le journal en français facile demande une réelle "digestion" préalable de l’information. On ne peut plus jouer avec les mots politiquement corrects, parler de "l’intervention" d’un pays par exemple. S’il y a guerre, ou invasion, ce sont ces mots qui sont employés. Encore faut-il pouvoir l’affirmer, là-encore sans se cacher derrière des citations fumeuses ou des conditionnels.
Les constructions de phrase privilégiées sont bien évidemment les plus simples. Sujet verbe complément. Forme active plutôt que passive. Le nom du pays plutôt que sa capitale. Par exemple, dans le cas d’un tremblement de terre, on ne peut reprendre une citation évoquant les civils qui ont péri sous des bâtiments… Le journaliste expliquera plutôt que des femmes et des enfants sont morts sous les pierres.
Frédérique Genot
Note
* Les "coupes claires" sont plus importantes que les "coupes sombres". Logique !
Ce document
de 50 pages, édité par le service de formation internationale
de RFI, recense les principales erreurs ou maladresses régulièrement
commises à l'antenne. Les liaisons (il va t'être,
quatre buts t'à zéro, j'ai fait z'une
erreur, toi z'aussi, etc.), la prononciation des mots
étrangers, les anglicismes, les faux-amis (inclination / inclinaison),
les genres, etc. Vous y trouverez également des sites de référence.
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