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Promouvoir le français des affaires

Entretien avec Jean Marcel Lauginie

Jean Marcel Lauginie* préside l'association Actions pour promouvoir le français des affaires et les autres langues maternelles des pays francophones et des pays francophiles (APFA).

Votre association, créée en 1984, est placée sous le patronage de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France et de l'Agence intergouvernementale de la francophonie. Pourquoi avoir créé une structure dédiée au français des affaires, et quels en sont les principaux objectifs ?

Le nom de l'association a été complété : "Actions pour promouvoir le français des affaires et les autres langues des pays francophones et des pays francophiles dans le domaine des affaires." Nous nous sommes, en effet, progressivement convaincus que la meilleure façon de promouvoir le français des affaires était de promouvoir aussi l’ensemble des langues maternelles à partir des néologismes français.

L’objectif de l’APFA est de faire connaître et de faire apprécier les mots nouveaux de l’économie, de la mercatique, du management (prononcé à la française), de la finance et de la gestion, ainsi que d’inciter à créer des équivalents dans chaque langue maternelle. La création de l’APFA correspond à un double besoin :

  • un besoin pédagogique : dans les années 1970/80, les enseignants étaient démunis par manque de définitions et d’équivalents pour les termes des affaires venant en général du monde anglo-américain mais aussi japonais ;
  • un besoin de clarté dans la communication afin d’être bien compris.

Vous organisez chaque année les Mots d’or. Parlez-nous un peu de cet événement international.

Les Mots d’or sont des signes de reconnaissance pour saluer le goût des mots et des concepts d’aujourd’hui et de demain dans la vie économique. Ils se basent sur :

  • une épreuve internationale d’une heure qui a lieu pendant la Semaine de la langue française et de la francophonie pour les élèves et les étudiants en français des affaires et en économie et gestion ; le but est d’encourager la volonté d’entreprendre fondée sur la créativité dans la maîtrise du vocabulaire des affaires en français et dans les autres langues maternelles de la francophonie ;
  • les actions quotidiennes des professionnels évaluées par un jury en octobre qui choisit les lauréats des Mots d’or dans différentes catégories, la dernière d’entre elles étant celle de la traduction en partenariat avec l’AIF, le centre d’échange d’informations sur la traduction de l’UNESCO, la DGLFLF et la Société française des traducteurs ;
  • l’envoi de textes poétiques pour faire connaître un mot nouveau des affaires, c’est le Mot d’or des jeunes entrepreneurs poètes qui fait le pari d’une communication des entreprises du troisième millénaire nourrie de poésie ;
  • la réactivité terminologique, au salon de l’éducation sur le stand de la CAMIF ; il s’agit d’être le premier à proposer l’équivalent français à un terme impropre ou étranger annoncé au micro ; ce nouveau Mot d’or est né en novembre 2004 ;
  • une dictée des mots d’or pour tous, créée en mars 2005, sans difficultés orthographiques, dont le but est de permettre à chacun d’exprimer par écrit son goût et sa connaissance des mots justes dans le domaine de la vie économique quotidienne.

La dernière épreuve internationale du Mot d’or des élèves et des étudiants a eu lieu le 22 mars : constatez-vous une augmentation du nombre de participants ?

En 17 ans d’existence, le seuil symbolique des 500 000 participants à l’épreuve du Mot d’or a été franchi. 42 pays ont déjà participé à cet événement. Depuis 2 ans, on compte environ 20 000 candidats par an originaires d'une trentaine de pays. En 2005, la République démocratique du Congo, les Pays-Bas et l’Equateur ainsi que les villes de Novossibirsk et d’Oufa nous ont rejoints.

Les jeunes participent au Mot d’or pour le plaisir d’exprimer leur connaissance du vocabulaire des affaires en français et dans leur langue maternelle et, bien sûr, pour obtenir le diplôme du Mot d’or. 4 000 diplômes sont remis chaque année, car nous ne voulons pas que ce soit une démarche élitiste. Ajoutons que le séjour d’étude de sept jours à Paris en novembre pour participer à la Journée du français des affaires, offert au premier lauréat de chaque pays, est un élément certain de motivation.

Y a-t-il, selon vous, assez de concours, manifestations, rencontres, colloques... organisés en faveur du français de spécialité, tant en France que dans le monde ?

Des rencontres centrées sur la création et la diffusion néologiques en français, mais aussi dans chaque langue maternelle de la francophonie, pourraient être plus nombreuses et moins confidentielles.

Quelles autres actions mettez-vous en place afin de faire connaître la langue des affaires ?

Notre site dispose d'un lexique qui comprend environ 3 000 termes des affaires. Nous publions une Lettre du français des affaires six fois par an**. Nous publions également des plaquettes (en forme d'accordéons) : Les 1 000 mots d’or des affaires et Les mots-clés des affaires en 27 langues, aux éditions du CRDP d’Orléans-Tours. La sortie de notre troisième accordéon Les mots d’or transfrontières de la francophonie, comprenant des langues transnationales africaines et des langues transfrontalières de France - le bambara, le basque, le catalan, le créole, le flamand occidental, le francique, le lingala, l’occitan, le peul, le sango et le swahili - est prévue prochainement***. Enfin, le Dictionnaire du français des affaires de Louis Rigaud, membre de l’APFA, devrait paraître en avril 2005.

Chaque année est organisée la Journée du français des affaires, durant laquelle a lieu la cérémonie de remise des Mots d’or. Pourquoi avoir institué cette Journée et quel en est le contenu ?

En 2005, il y aura une après-midi au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie et une après-midi à l’Agence intergouvernementale de la francophonie, les 17 et 18 novembre. En créant en 1987 cette Journée, sous la forme de conférences et de tables rondes, nous voulions montrer que les thèmes du monde des affaires pouvaient être traités en pratiquant une langue bien tenue.

Le pari a été gagné encore cette année avec le thème de la mercatique sensorielle dans les pays francophones, "langues et saveurs". Les programmes des 17 Journées sont consultables sur notre site. Cette Journée donne également lieu au commentaire de la production terminologique de l’année.

La cérémonie finale des Mots d’or, présidée par l’administrateur général de l’AIF, est toujours très attendue. En 2004, dans la catégorie des professionnels, Quentin Dickinson, directeur des affaires européennes à Radio France, a été distingué pour l’emploi de mots justes (tels que la mercatique pour le marketing) dans ses interventions à France Inter. Peugeot Citroën Slovakia a été récompensé pour avoir retenu le français comme langue de travail dans sa nouvelle usine de Trvana en Slovaquie. Le Mot d’or de la traduction est allé à Veronika Nentcheva et Éric Naulleau pour leur traduction du bulgare du roman Abraham le Poivrot d’Angel Wagenstein aux éditions L’Esprit des péninsules. Tous le lauréats depuis 1989 figurent sur notre site.

Les lauréats du Mot d’or des élèves et des étudiants francophones et francisants ont reçu la colombe touareg offerte par la Camif, des dictionnaires Le Robert, des ouvrages des éditions Belin, les tableaux de l’économie française de l’INSEE, le dictionnaire de mercatique des éditions Foucher et des cartes de l’IGN.

Contact

Jean Marcel Lauginie
278 rue de Sandillon
45590 Saint-Cyr-en-Val, France
Tél. : 332 38 76 24 05
Courriel : Apfa.Le.Mot.d-or@wanadoo.fr

Lien

* Agrégé des techniques économiques de gestion, inspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional honoraire d’économie et gestion, membre de la commission spécialisée de terminologie et de néologie en matière économique et financière, placée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.

** Envoi gratuit aux membres de l’APFA, cotisation : 5 euros.

*** À partir d’une base de 80 termes du français des affaires dont 75 % sont des néologismes.

Rédaction : Emeline Giguet-Legdhen - Première publication : 00/01/05 - Mise à jour : 26/01/06

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